David Lapoujade, L’altération des mondes, versions de Philip K. Dick

David Lapoujade, L’altération des mondes, versions de Philip K. Dick

Asile de fous

Sous ses hallucinations et délires, Philip K. Dick parvient à faire coexister le monde réel et une de ses versions virtuelles.
Lapoujade souligne que, plutôt d’y voir un paradoxe, il faut y distinguer une lutte déjà ancienne et qui dépasse jusqu’au jeu du fou et du psychiatre.

Le philosophe rappelle ainsi qu’aussi bien Leibniz, Cyrano de Bergerac ou Fontenelle furent les précurseurs des dystopies contemporaines en prouvant que tout monde n’est jamais qu’une version parmi une infinité de postulations et d’incarnations possibles entre dispersions et rassemblements.

Certes, Dick frôla souvent la folie jusqu’à demander parfois son propre enfermement. Il éprouva le sentiment que la réalité de son monde disparaissait pour laisser apparaître un autre monde.
Pour autant et selon Lapoujade, K. Dick ne prend pas forcément le parti de la folie contre toutes les formes de réalités dominantes. Mais ces possibilités « délirantes » lui permettent de contester le bien-fondé de notre réalité et d’en dénoncer l’artifice et l’arbitraire.

Le tout en nous rappelant par effet de fiction que notre monde est déjà devenu – psychiatres compris – un asile de fous.

jean-paul gavard-perret

David Lapoujade, L’altération des mondes, versions de Philip K. Dick, Editions de Minuit, coll. Paradoxe, mars 2021., 160 p. –  16,00 €.

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