Danielle Mémoire, Quelque membre de notre Cercle

Danielle Mémoire, Quelque membre de notre Cercle

Pyramide

« La même nuit que moi, ou la veille au soir, dans la même clinique, naît le fils d’un héros local de la Résistance. Le moment venu de me donner un prénom, duquel on ne s’est jusque-là pas mis en peine, ma mère demande comment s’appelle le fils du héros local. Le prénom connaît une version féminine. On ne va pas chercher plus loin. »
Telle est la clé de ce livre dont le système autobiographique particulier est inspiré par le livre My life (1980) de la poétesse américaine Lyn Hejinian.

Pour la première année : un seul paragraphe, deux pour la deuxième, et ainsi de suite jusqu’à la trente-sixième année. Puis s’instruit le système inverse pour arriver à un unique paragraphe, d’une unique ligne (due à Lyn Hejinian), pour la soixante-douzième année.
Les éléments retenus peuvent être ou bien les seuls dont l’auteure est sûre pour une année donnée, ou bien ceux qui sont, ou peuvent apparaître comme étant la source de motifs dans l’ensemble de ses écrits.

Dans les deux cas, l’auteure arrimée à un effort de scrupuleuse véracité revient ici au principe à la fois génératif et limitatif du livre.
D’où les deux mots « quelque membre » dont le singulier n’est pas anodin dans le  titre.

Ce montage crée un miroir des « évidences » qui parlent d’elles-mêmes. Il crée sa morale coruscante et doit tout à ce qui la produit et à ce que l’auteure produit elle-même.
Ce type de rapport pourrait sembler enfoncer une porte ouverte. Il n’en est rien.

Bien au contraire, comme le lecteur le découvrira dans cette sorte de double pyramide.

jean-paul gavard-perret

Danielle Mémoire, Quelque membre de notre Cercle, P.O.L éditeur, 2021, 208 p. – 17,00 €.

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