
Brrémaud & Vic Macioci, Havana Split – t.01 : Bienvenue à Cuba
En pleine Révolution
L’album débute par un rappel des régimes politiques qui ont façonné La Havane de 1928 à 1956, depuis cette solution à la Prohibition jusqu’à la dictature de Batista et le débarquement de Fidel Castro et ses 82 guérilleros.
En avril 1958, Batista réclame des armes et des dollars au directeur de l’antenne de la CIA. Puis, ils partent ensemble pour inaugurer le nouveau stade. John Botia, ex-agent de la CIA, devenu détective privé pour l’agence Valdés, entraîne manu militari son collègue José pour accueillir Lily, la fille de leur patron. Elle est étudiante à Miami et vient retrouver son père pour les vacances. Alors qu’elle débarque, un attentat au pistolet, puis à la bombe secouent le quai.
Son père est en compagnie de sa secrétaire, dans le stade, à écouter le discours du dictateur. C’est un joueur invétéré, interdit de surcroît, mais qui veut encore parier sur son équipe favorite. Mal lui en prend car son principal créancier décide de sévir. Il est enlevé avec sa compagne et ils seront rendus, peut-être sains et saufs, contre l’enlèvement d’une starlette. Le principal concurrent du mafieux est amoureux d’elle.
Lily se retrouve embarquée, avec John et José, dans une aventure des plus dangereuse…
À partir de la situation authentique de l’époque, le scénariste développe une intrigue tumultueuse tout en présentant la situation économique et sociale de l’île. Cuba est sous perfusion. La CIA a porte ouverte dans tous les domaines. Le crime organisé fleurit partout où il peut, ce qui présente un bel éventail.
L’intrigue est dynamique avec des péripéties et des rebondissements à foison. Mais le tout est assorti d’une vision résolument humoristique montrant, entre autres, comment les événements sont présentés par la presse. Tout est détourné de la réalité pour orienter les faits vers les opinions conformes à ce que professe la dictature. Elle oriente les jugements de façon éhontée. On mesure la manière dont les tyrannies exploitent les faits, l’art de les modifier dans le sens qui est favorable au régime. Avec les discours interminables du dictateur, l’auteur se rapproche de ceux de Fidel Castro qui étaient une logorrhée sur plusieurs heures.
Vic Macioci assure un dessin qui emprunte au réalisme avec de larges touches de caricatures. Celles-ci sont d’ailleurs les bienvenues pour renforcer l’humour des textes. Elle offre une mise en page de belle tenue avec des bruitages nombreux et d’une belle intensité. Ses doubles-pages de revues de presse sont un régal. La galerie des protagonistes est soutenue dans leur présence avec une belle dynamique gestuelle. Les couleurs de Maggie s’inspirent de celles de l’île et donne une tonalité supplémentaire au graphisme.
Un premier album époustouflant, d’une force narrative peu usuelle. Il se découvre avec un grand intérêt pour cette intrigue musclée et sa frappante mise en images.
serge perraud
Frédéric Brrémaud (scénario), Vic Macioci (dessin) & Maggie (Couleurs), Havana Split – t.01 : Bienvenue à Cuba, Dupuis, coll. Grand Public, janvier 2025, 96 p. – 17,50 €.