Antonio Nardo, Le Grand Chêne
Contrairement à l’homme, selon Antonio Nardo l’arbre est tout sauf anonyme. Quelque chose de plus substantiel que le temps lui est dû. Comme les dieux : c’est le partage du tout.
Dans les collines autour de Reggio Emilia, il y a des sentiers très pittoresques qui mènent à un arbre particulier. Celui que le photographe nomme « le grand chêne ». Selon le photographe, il est en « Un endroit qui en hiver, avec la nature au plus bas, devient très fascinant et aussi un peu mystérieux ».
L’arbre est géant, lutte contre les ruines, témoigne survivant des vies et des fantômes du passé de ce lieu. « Les traces de tristes souvenirs des gens qui ne sont plus là aujourd’hui, mais qui ont vécu tant de pages de leur vie dans ce lieu évocateur, aujourd’hui délabré », ajoute-t-il.
Mais il faut accepter la liberté du destin de cet arbre à cause de ses racines et de l’énigme de son écorce. Il crée la marge d’opacité où peu à peu la transparence instruit. C’est le goût d’une vérité unique. Le flux des années du chêne donne tous les jours nouveaux à la mobilité et au plaisir de la sève et du sang : ce qui ne sait que couler.
jean-paul gavard-perret
Antonio Nardo, Le Grand Chêne, L’Oeil de la Photographie, Paris, mars 2024.
