Alexandre de Moté, Je n’ai jamais dit je t’aime

Alexandre de Moté, Je n’ai jamais dit je t’aime

Fins du moi difficiles

Membre fondateur du collectif « Nos restes », Alexandre de Moté se définit comme « dessinateur, peintre et autres à ses heures perdues, je passe mes journées a dessiner dans des petits cahiers les petites expériences du quotidien ». Tourné vers la narration à travers ce collectif, il a touché à la micro édition et l’exposition en Belgique et ailleurs tout en poursuivant son travail en publiant en 2009 son premier album  Du Sang sous le sapin (L’Employé du Moi éditeur).
Son album Je n’ai jamais dit je t’aime – écrit d’abord sous formes de fanzine tiré à 25 exemplaire – le place parmi les grands graphistes belges. Il en poursuit l’esthétique faite de précision et d’humour. Fabien Grolleau (directeur de Vide Cocagne) le définit non sans raison comme « un grand romancier de la bande dessinée ». Mais un romancier qui trouve son propre langage pour exprimer sensations et sentiments.

L’artiste y parle de sa vie là. Mais son choix plastique et narratif  évite ce que les amateurs crasses du  tout à l’égo chérissent. Pour de Moté, il convient de donner à la représentation de soi un autre intérêt que celui pour soi-même. Qu’importe alors si dans cet album les fins du moi semble parfois difficiles.
Le  créateur par ces grandes planches leur donne une déambulation particulière. De Moté peu donc y parler de lui, de ses amours et de sa passion pour l’art graphique dans ce qui devient par l’exploration d’un langage qui, s’il  prend corps par le vie du créateur et ses pérégrinations, le porte vers une généralité : beaucoup peuvent s’y reconnaître.

Son double s’agite, exalté par le feu du désir. Le diable le tire par les pieds. Mais l’ogre l’évoque par des situations aussi drôles qu’astucieusement érotiques (soft). Un tel album est une surprise et une découverte. Tout est drôle, simple, parfait, pudique.
Ce n’est plus l’extase du vide qui guérit de la maladie du temps. Mais qu’importe si la fusion dans le réel n’est pas toujours au rendez-vous.

jean-paul gavard-perret

Alexandre de Moté, Je n’ai jamais dit je t’aime, Editions Vide Cocagne, Nantes, 2019 – 13, 00 €.

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