Souffler est jouer
Pour la photographe italienne, “Le bonheur individuel est lié au sentiment de compétence personnelle et au fait d’être apprécié pour ce que l’on est et ce que l’on peut faire”. La créatrice l’avait appris mais de manière paradoxale : “mes parents avaient l’habitude de me dire pendant mon enfance, et ils étaient très stricts et intransigeants à ce sujet : Je devais accomplir les tâches ménagères dans la maison et le jardin, et ne pas m’adonner aux jeux et aux jouets. ”
D’où et en une discrète allusion au néo-réalisme italien Maria Novello quitte cet essentialisme premier. Elle devine contre le rationnel une expression obsessionnelle : ” le jeu est une perte de temps “ qui lui appris à devenir adulte très tôt et à réagir correctement aux hauts et aux bas de la vie, “mais elle m’a privé de la joie d’être insouciante et d’apprendre à profiter de mon temps, le plus précieux.”, écrit-elle.
Et la femme charrie ou inscrit non seulement le travail, mais le temps perdu. Elle a même joué de certains jeux et activités ludiques par son appareil photo. “Je dédie ce projet à tous les garçons et à toutes les filles qui n’ont pas pu, ne peuvent pas et ne pourront pas jouer. “, ajoute-t-elle mais elle fait plus.
Toutes les femmes deviennent belles comme l’enfance et les fées. La photographe les emporte dans la plus simple cachette qui soit : elle les cache dans leur joie comme une lettre à plein soleil. C’est une des choses qu’elle a apprises en les observant pour passer son reste de vie en s’accrochant à des gestes.
Le jeu sauve ce qui est chahuté par les vagues de l’existence mais garde sa poésie.
jean-paul gavard-perret
Maria Novello, Jouer est une perte de temps, L’oeil de la photographie, Paris, février 2024.
Bingo avec dame Novello ! Jouer devient photographier . JPGP exprime avec délicatesse combien ce jeu est salvateur .