Le monde hollywoodien des années 1930
En retenant le milieu du cinéma hollywoodien au début des années 1930, à l’avènement du film parlant, Jean-Pierre Pécau fait revivre des personnages illustres. Après les aventures du couple de héros avec Jack London, c’est Douglas Fairbanks qui participe au scénario. Celui-ci est au faîte de sa gloire. Après avoir campé Zorro, joué de nombreux héros de films d’aventures, de cape et d’épée, il a excellé dans Le Masque de fer (1929). C’est l’acteur le mieux payé d’Hollywood.
Mais Louise et Nevada occupent le devant de la scène avec une suite de tribulations, de vicissitudes dangereuses. Si les références aux personnages authentiques sont nombreuses, le scénariste met en scène une belle galerie de protagonistes de fiction et une belle gamme de caractères comme ce boucher de Chicago dont les objectifs sont pour le moins inquiétants.
Nevada et Louise Hathaway se connaissent depuis l’adolescence et ont vécu des périodes très difficiles. Aujourd’hui, Louise dirige sa propre société de production de films et Nevada, qui reste à ses côtés, est un cascadeur reconnu.
Pour une production qui lui tient à cœur, elle prend pour partenaire financier un marchand de viande de Chicago, Jack L. Butch, aux objectifs troubles.
À son procès, William Carlsen, l’ennemi juré de Louise et Nevada, reconnu coupable de nombreux crimes, est condamné à mort. Nevada, soumis à un chantage de Butch, le fait évader car une amie de Butch veut se venger des tortures que Carlsen lui a fait subir. Il avait vu Le Chien andalou de Luis Buñuel.
Nevada est soupçonné d’être l’auteur de l’évasion. Louise, en compagnie de Dorothy, une scénariste qui possède une voiture, se lance à sa recherche…
En mettant en scène une réalisatrice et films et une scénariste, Jean-Pierre Pécau joue avec humour sur les clichés intégrés dans son récit. Il donne nombre de précisions sur ce monde du cinéma et les raisons de l’installation de studios en Californie, sur le train de Trotski…
Le travail graphique de Colin Wilson pour le dessin et de Jean-Paul Fernandez pour la couleur, est à la hauteur du récit. Si la mise en page est assez classique, ils soignent les différents personnages, dynamisent les actions et proposent des décors superbes tout au long de l’album.
Ce tome, le cinquième et dernier de la série, boucle avec brio cette suites d’aventures autour d’un couple de héros bien attachants. Nevada se lit avec un bel intérêt.
serge perraud
Fred Duval & Jean-Pierre Pécau (scénario), Colin Wilson (dessin), Jean-Paul Fernandez (couleur), Nevada — t.05 : Viva Las Vegas, Delcourt, coll. “Neopolis”, janvier 2024, 56 p. — 15,50 €.