Cette série travaille la nudité selon une modalité particulière. Sont montrées les femmes qui — normalement — demeurent cachées pour cause d’obésité, bref de quasi anormalité. Les modèles ont toutes répondu avec plaisir à la photographe car elles trouvèrent là une forme de reconnaissance. Elles prirent la pose pour affirmer leur féminité et leur sexualité.
D’autant que pour éviter tout effet malsain, douteux ou pervers la photographe a créé une forme d’épures par son art du flou qu’elle domine parfaitement.
Elle reprend la question de ce que la nudité cache et/ou montre en ses enjeux. Le nu n’est plus traité en en chair mais devient une forme d’idéalisation chorégraphique qui fascine par sa beauté. La prétendue “obscénité” est donc effacée car le corps devient moins forme plus qu’objet. Montrer le nu, c’est ici honorer un réel évacué.
Cela devient une activité plastique voire presque morale. Entre recherche et rêve, “L’Ange” et non “La Bête” domine sans que son corps soit une simple idée ou masse.
La photographe crée, dégagée des tabous et doxa, la présence d’une métaphorisation et d’une littéralité. Sylvie Aflalo-Haberberg réapprend donc à ouvrir les yeux et à ne pas se contenter de mariner en stéréotypes, là où les photographies ne sont pas nues mais dépouillées en leurs jeux d’ombres et de lumière.
Dès lors, ce n’est plus un plein mais un vide qui soudain est comblé.
jean-paul gavard-perret
Sylvie Aflalo-Haberberg, Ce que tu me voiles, Sylvie Aflalo-Haberberg Editions, Paris, novembre 2023.
Après son cultissime ” Ce que tu me vois ” Sylvie Aflalo-Haberberg nous offre un bel hommage à la féminité non stéréotypée . JPGP l’analyse avec pertinence