Jackie Macha n’a pas besoin de muses et de museaux. A l’exception d’un monceau d’images de magazines et de colle. Les premières jouent le rôle de demi-vierges, de mondaines volages ou mijaurées. Toutes se mettent à mijoter dans une inspiration qui déplace leur ligne générale et imposée. L’artiste les arrache à l’enveloppe charnelle où elles étaient figées afin d’instaurer un montage inédit plein d’amour, de drôlerie et d’intelligence.
Les femmes surgissent plus neuves que veuves et sans doutes consolées de ce qu’en elles on avait pastiché. Preuve que la technique même du collage approche de la complexité du réel et permet d’enrôler des égéries sur papier glacé comme des mots-slogans pour d’autres bancs-titres. En ses failles programmées, le travail de Jackie Macha fait divaguer le regardeur à son aise, il peut errer sans déambulateurs précoces. Mais il lui faut du temps pour contempler les chausse-trappes face à la neurasthénie généralisée.
Sortant de sa réserve, l’artiste propose des pistes inédites. Elle devient la squaw héritière de Lascaux. Son œuvre est donc vivement conseillée : sont resservis en des plats baroques des aliments revus et corrigés, se découvrent des paysages sans parcs blêmes. Par les transplantations plastiques, ténors du bar haut et maîtres chanteurs sont entraînés dans des chorales à coeur ouvert. Rien ne peut arrêter l’artiste : telle une indigène, il n’existe pour elle que le plaisir. L’artiste lave en doux les images où nous avons trop baigné. Désormais, les prunes ne comptent plus pour des brumes. L’artiste au lieu de confidences sous l’oreiller met dans de beaux draps. Leur poésie transforme le regardeur en explorateur. Il a tout loisir de faire son propre triage sélectif dans un capharnaüm sweet home.
Lire notre entretien avec l’artiste
jean-paul gavard-perret
Jackie Macha, Collages, Le musée Privé, Paris, déc. 2013