Une nouvelle fois, Patrick Modiano nous embarque dans ses embarras d’un Paris très particulier. La capitale s’y décline : de la Porte de Champerret au studio Wacker, en passant par les toutes petites rues cachées, loin des grands boulevards ainsi qu’un peu en banlieue.
La fluidité merveilleuse de l’auteur nous permet de suivre son héroïne dont, tout compte fait, pas grand chose ne change entre l’aujourd’hui et les années 70, et en “il” comme en “je” dans un jeu de reprise.
Le narrateur n’est pas pour rien dans cette aventure chorégraphique puisqu’il est chargé de conduire à l’école le fils de cette choryphée. Mais de celle-ci, on ne saura que bien peu (même pas ses nom et prénom) , sinon qu’elle a dû fuir pour se dégager de son passé et qu’elle aime lire les mystiques.
Et c’est bien mieux ainsi pour arpenter cette nouvelle stase du Monopoly parisien de Modiano. Son chemin du montrer-cacher reste toujours aussi prégnant dans cet art de “ne pas y toucher”, en restant sur l’écume des jours afin de regarder les bulles que les aiguilles crocheteuses du passé empiété font éclater.
jean-paul gavard-perret
Patrick Modiano, La Danseuse, Gallimard, Coll. Blanche, octobre 2023, 112 p. — 16,00 €.