Jim, Le chant du cygne — t.01 : Le féminisme vu par les vieux mâles en fin de course

Quand les vieux réflexes…

Les rap­ports homme-femme ou femme-homme intriguent et inté­ressent Jim depuis long­temps. Faut-il rap­pe­ler quelques-uns de ses titres d’albums tels Une nuit à Rome, Érec­tion… ? Il écrit sur le sujet depuis vingt-cinq ans. Mais les situa­tions évo­luent et il s’interroge. Il prend ici la place du vieux mâle qui regarde chan­ger un monde pour aller, en Occi­dent du moins, vers plus d’égalité.
En 48 planches, Jim tente de faire le tour des com­por­te­ments mas­cu­lins vis-à-vis des femmes et aborde des pro­blèmes de société très actuels. Et, pour mettre en scène ses ques­tion­ne­ments, il prend le parti de l’humour, pro­pose des gags, des réflexions, des situa­tions qui peuvent être cocasses tout en véhi­cu­lant des idées fortes.
Il aborde ainsi, les dis­po­si­tions de cer­taines danses comme le tango, la crainte d’hommes d’être pris pour un macho, l’égalité des salaires, l’accès au bar­be­cue, la ges­tion des obsèques, le sexe vu par les hommes mais aussi par les femmes…
Il fait remon­ter les carences d’éducation quand, par exemple, il place un vieux couple devant le schéma du cli­to­ris. Ils découvrent son exis­tence, ses capa­ci­tés. Elle est curieuse d’essayer.

Pour la mise en images, il prend l’itération ico­nique, cette tech­nique nar­ra­tive qui consiste à repro­duire la même case tout au long du gag, ici de la planche. Les per­son­nages ne changent pas de posi­tions, seuls les dia­logues ou mono­logues évo­luent. Cette façon d’illustrer met le texte à l’honneur, objec­tif sou­haité par l’auteur. Il s’autorise, cepen­dant, sur quelques pages, des effets de zoom. S’il assure le des­sin la mise en cou­leurs est due au talent de Del­phine qui apporte cha­leur et sou­ligne magni­fi­que­ment ambiance du gag.

Jim crée des per­son­nages très repré­sen­ta­tifs des idées qu’il sou­haite faire pas­ser, il offre un des­sin aux traits élé­gants, don­nant la pri­mauté aux pro­ta­go­nistes, ajou­tant le mini­mum de décors. Le choix du titre est en rap­port avec une expres­sion qui trouve son ori­gine dans une croyance de la Grèce antique. Ce vola­tile a un cri peu mélo­dieux, mais au moment de mou­rir, il pro­dui­rait un chant har­mo­nieux. Avec cette expres­sion, l’auteur illustre ainsi la der­nière com­plainte d’un machisme démodé, des com­por­te­ments dépassés.

Mais, la par­tie est loin d’être gagnée ! L’album a été refusé par vingt-quatre édi­teurs, un record sou­ligne Jim avec iro­nie. Bravo aux Édi­tions Ans­pach ! Jim livre un album où l’humour est sou­vent grin­çant, met­tant en lumière nombre des dys­fonc­tion­ne­ments dans les rap­ports d’un couple, les côtés ridi­cules des cer­taines atti­tudes, don­nant une belle consi­dé­ra­tion pour le fémi­nisme dont il montre, dans un souci d’impartialité, quelques travers.

serge per­raud

Jim, Le chant du cygne — t.01 : Le fémi­nisme vu par les vieux mâles en fin de course, Édi­tions Ans­pach, octobre 2023, 56 p. — 14,00 €.

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Filed under Bande dessinée, Chapeau bas

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