Mathias Lair, L’idiot de la famille
Amandine est entrain de sombrer vers le plus profond marasme et, pour l’en sortir, son cousin vient lui raconter en une sorte de “purgatio” les meurtres et manquements que sa famille à commis. L’entreprise est pratiquement prométhéenne, le tout pour rejoindre un ailleurs possiblement maritime ou côtier.
Une histoire intime et globale est interrogée, là où la dimension mémorielle semble essentielle. Le narrateur éprouve une attention personnelle envers sa cousine autant qu’à lui-même là où sont rarement aussi paroxysmiques les évènements où sa “galaxie déraille”.
Dès lors, il se résout à cracher ce qui est habituellement caché par bêtise ou prétendue humanité
Il s’agit donc de racheter la vie plutôt que de la suivre et pour retrouver une liberté promise mais qui jusque là n’est jamais parvenue à son but. Allant du côté de l’océan et ses possibilités ou illusions de voyages, le narrateur investit par la bande des questions essentielles : la vie, la mort, la condition humaine et les formes familiales qui les façonnent.
Existe là un aspect aussi clair que fantomal. Se transmet la pression du passé au croisement de ce qui va advenir. Le livre dessine une durée un chemin, une trajectoire qui tend vers le dégagement de la contrainte là où le héros tente d’expérimenter l’intensité et la rigueur mais joue avec le danger, mental devant sa cousine si aimée.
Et ce, entre ruines du passé et morsures du temps pour une mutinerie nécessaire — même si un doute demeure.
jean-paul gavard-perret
Mathias Lair, Famille et damnation, Editions L’atelier du grand tétras, Mont-de-Laval, 2023, 96 p. — 15,00 €.