Emmanuel Rabu, Saison été seize

Main non morte

Emma­nuel Rabu pro­pose ici un texte frac­tal où la dou­leur de la perte se dit dans le dépouille­ment : elle s’émet par la bande et pour­tant de manière directe en évi­tant le pathos.
L’auteur est à la fois pudique et ne ter­gi­verse pas. Pour­tant, tout se dit en une apo­rie de son retour à l’essentiel et où l’économie de la mise en page sou­ligne des effa­ce­ments et semble conju­rer toute pos­si­bi­lité d’épanchements.

Ne reste qu’une des­crip­tion fac­tuelle et comme télé­gra­phiée en vers des plus sobres et pure­ment infor­ma­tifs. Néan­moins — ou à cause de cela -, le texte pos­sède une force rare. Car le non-dit pas­sant entre de tels vers et mots donne à cet esto memor un carac­tère particulier.

Le nar­ra­teur se retrouve en effet l’âme à genoux dans l’air sombre, encore épais, devant, en même temps qu’au centre des hauts murs, le désastre de la perte qu’il pénètre comme une cathé­drale, non comme sa crypte res­sur­gie vers le ciel.

jean-paul gavard-perret

Emma­nuel Rabu, Sai­son été seize, Edi­tions Der­nier Télé­gramme, Paris, 2023, 56 p. — 10,00 €.

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Filed under Poésie, Romans

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