Avec un titre emprunté aux Fleurs du mal, Régis Debray propose sous forme d’abécédaire et loin des clapotis du quotidiens ses vivants piliers et les éveilleurs qui l’ont fait grandir même s’il caresse et finit son livre sur ses “obsolescences” .
S’y retrouvent des auteurs attendus chez l’auteur. D’autres moins : Mauriac par exemple et ses “Bloc-notes”, oeuvre de circonstance qui prend avec le temps une forme d’éternité tant l’âme s’en mêle.
Debray retient les auteurs qui font résonner cette dernière avec le monde et éliminent de leurs feux des précieux ridicules qui se voulurent fins couteaux et ne furent qu’inoffensifs marionnettes. L’auteur est sans condescendance avec eux. Et il est intéressant de constater comment il revisite ses amours intellectuelles de jeunesse.
Se retrouvent son alacrité et son intelligence. Et plus il avance, plus il devient précieux voire touchant. Celui qui fut jadis un homme de la rupture, devient un littérateur raffiné qui sait dégager son bon grain des ivraies. C’est impressionniste à souhait mais bien vu. Et mélancolique eu égard au temps qui file.
jean-paul gavard-perret
Régis Debray, Où de vivants piliers, Gallimard, collection La part des autres, Paris, 25 mai 2023, 192 p.