Les échos formellement stylisés de l’histoire
Le public s’installe sur une musique lancinante, souvenir lointain de fête foraine, tandis que le film d’un chien cherchant à se mordre la queue est projeté dans le cadre qui occupe le centre du rideau rouge qui ferme la scène. Ensuite, Marie Stuart expose avec pondération sa situation, explique son sort.
S’instaure un jeu permanent entre les paroles et la musique. Les confessions écrites par Darryl Pinckney pour Robert Wilson retracent quelques épisodes décisifs de la vie de la reine d’Ecosse, jusqu’à son emprisonnement et sa condamnation à mort pour des soupçons de conspiration.
Les propos sont acerbes, vindicatifs, proférés de façon à constituer comme un masque, une identité, une logorrhée qui vise à s’apparenter à un opéra verbal.
Seule en scène, Isabelle Huppert lance de rares paroles en se livrant à des déplacements rythmés de convulsions. Elle incarne une profération qui apparaît comme une confrontation à soi-même ; le discours est tantôt accéléré, tantôt répété, tantôt reproduit par un écho, tantôt entrecoupé de pantomimes d’allure mécanique.
Un numéro d’actrice, qui jette ses paroles comme si elle portait le public de ses lèvres. Une chorégraphie aux symboles savamment stylisés, qui cherche à explorer les tensions de l’histoire entre états intimes et pratiques officielles.
La musique, omniprésente, définit les vagues de ce drame dont les spasmes se répandent comme une onde. Même après la mort, il y a encore des scories, des emphases, des impromptus projetés dans la blancheur du vide.
L’esthétique épurée de Robert Wilson élabore un tableau formel (formaliste, diront ses contempteurs) qui confine à l’abstraction et ne laisse entendre de l’histoire que de lointains échos.
christophe giolito
Mary Said What She Said
Texte Darryl Pinckney
Mise en scène Robert Wilson
© Lucie Jansch
Avec Isabelle Huppert.
Mise en scène, décors et lumières Robert Wilson ; texte Darryl Pinckney ; musique Ludovico Einaudi ; costumes Jacques Reynaud ; metteur en scène associé Charles Chemin ; collaboration à la scénographie Annick Lavallée-Benny ; collaboration aux lumières Xavier Baron ; collaboration à la création des costumes Pascale Paume ; collaboration au mouvement Fani Sarantari ; design sonore Nick Sagar ; création maquillage Sylvie Cailler ; création coiffure Jocelyne Milazzo ; traduction de l’anglais Fabrice Scott ; photos Lucie Jansch.
Au théâtre de la ville — espace Cardin, 1, avenue Gabriel 75008
du jeudi 13 avril au dimanche 14 mai 2023 • du lundi au samedi à 20h,
le samedi 22 avril à 15h, le dimanche 14 mai à 15h
Production théâtre de la ville-paris. Coproduction Wiener Festwochen – Teatro della Pergola, Florence – Internationaal Theater Amsterdam – Thalia Theater, Hamburg. En association avec EdM Productions-Elisabetta di Mambro.
Création Théâtre de la Ville – Espace Cardin, Paris – du 22 mai au 6 juillet 2019
Wiener Festwochen, Vienne – du 30 mai au 2 juin 2019
Festival de Almada, Centre culturel de Bélem, Lisbonne – les 12 et 13 juillet 2019
Festival Grec, Barcelone – les 21 et 22 juillet 2019
Internationaal Theater Amsterdam, Amsterdam – du 19 au 22 septembre 2019
Thalia Theater, Hambourg – les 27 et 28 septembre 2019
Teatro Valle-Inclan, Madrid - les 4,5 et 6 octobre 2019
Teatro della Pergola, Florence – du 11 au 13 octobre 2019
Théâtre des Célestins, Lyon – du 30 octobre au 3 novembre 2019
Théâtre de la Ville — Espace Cardin, Paris – du 13 avril au 14 mai 2023
Dramaten / Royal Dramatic Theatre – Stockholm, du 8 au 10 décembre 2023