Christine Saint-Geours dirige avec passions Les éditions Aux cailloux des Chemins fondées en 2020. Elle publie de la poésie contemporaine, principalement francophone, au rythme de trois à six titres par an dans ses collections “Nuits indormies” et “Feuillets de nuits”. Parallèlement, la collection graphique “Vu par” demande à des artistes invités de revisiter des œuvres de la littérature classique.
Existe chez elle la volonté de défendre et illustrer la poésie. Chaque publication est associée à des événements (lectures, rencontres avec les auteurs en divers milieux, etc.). Elle a déjà publié des poètes majeurs : citons entre autres Charles Pennequin, Michel Bourçon et Claire Massart.
L’éditrice cherche toujours les écrivains qui nous font basculer dans des mondes inédits pour capter ce qui jusque-là nous échappait.
Entretien :
Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
L’odeur du café (je bénis l’inventeur de la cafetière programmable)
Que sont devenus vos rêves d’enfant ?
Mais ils sont toujours là, ils ne m’ont jamais quittée !
A quoi avez-vous renoncé ?
Renoncer n’est pas un mot que je connais, si je le connaissais je ne serais pas devenue éditrice.
D’où venez-vous ?
De la dune, entre vagues mouvantes de l’océan et vagues émouvantes de la forêt.
Qu’avez-vous reçu en “héritage” ?
Je ne sais pas ce que mes ancêtres m’ont donné, je sais seulement que leur image est toujours présente en moi. Peut-être le trait du chemin que je suis…
Un petit plaisir — quotidien ou non ?
Regarder un oiseau, n’importe lequel, ils m’enchantent tous.
Comment définiriez-vous votre travail d’éditrice ?
Énorme, riche, humain, questionnant, passionnant, … parfois galère toujours vent debout !
Comment en êtes-vous venue à créer Aux Cailloux des Chemins ?
C’est un ami, Hervé Gouault (qui est président de l’association), qui m’a proposé l’aventure, je ne sais pas s’il y croyait vraiment, mais je l’avais prévenu que ce serait du sérieux si je le suivais. Le moment était parfait, je prenais ma retraite de l’enseignement. Je dis souvent en plaisantant qu’avant je travaillais à 100%, maintenant à 150 %
Quelle fut votre première lecture ?
La première, je ne sais pas, une importante “Les lettres persanes”, une belle édition dans la bibliothèque de ma grand-mère (très éclectique dans ses choix de lecture) ; le livre est toujours là dans ma petite bibliothèque de chambre.
Quelles musiques écoutez-vous ?
Très très baroque, ultra-contemporaine et parfois musique du monde.
Quel est le livre que vous aimez relire ?
Je relis inlassablement tous les livres que j’aime, je suis une relectrice, pas une lectrice (je crois quand même que ce sont les œuvres de Marguerite Yourcenar que j’ai le plus relues et quelques poètes grecs tel Séféris)
Quel film vous fait pleurer ?
Je ne vais pas au cinéma sauf lorsque l’on m’y “traîne”, rarement pour des films plutôt des documentaires, mais je me souviens d’avoir pleuré toutes les larmes de mon corps devant un mélo qu’une de mes grands-mères aimait, je crois que c’était quelque chose comme “Le voile bleu”.
Quand vous vous regardez dans un miroir, qui voyez-vous ?
Moi, et cela me fait bien rire ! Il faut toujours, au moins une fois chaque jour, se moquer de soi.
A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
J’ai fait pas mal de courriers qui ne sont jamais partis, jamais par peur — plutôt l’idée de ne pas vouloir briser certains mythes.
Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
La forêt de pin derrière les dunes.
Quels sont les artistes et écrivains dont vous vous sentez la plus proche ?
Personne en particulier, il y a des artistes et des écrivains dont j’admire le travail, les œuvres mais je ne saurais dire si je me sens proche d’eux.
Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?
Je n’aime pas fêter mon anniversaire, rien.
Que défendez-vous ?
Ma famille, mes choix.
Que vous inspire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas” ?
Tellement vrai ! (c’est quoi l’amour ?)
Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la question ?“
Un bon commercial ce M. Allen
Quelle question ai-je oublié de vous poser ?
Le plus important dans la vie, peut-être… (et j’y réponds : l’étonnement).
Entretien et présentation réalisés par jean-paul gavard-perret, pour lelitteraire.com, le 11 mai 2023.
Christine est une artiste déterminée et sans affèteries . Reine de la poésie !