Dans ce livre, la chair est dans tous ses états. Et ce, pour diverses raisons. Derrière Tessier, Sade est à la baguette et nous entrons dans des états d’exception où la Révolution optait pour l’anarchie politique et sexuelle avant qu’un sérieux bémol soit mis et que Sade se retrouve à Charenton.
Avant, les Juliette et Justine auront fait des leurs, guidées par des prélats dont les inquisitions n’ont pour seul motif que les fruits appétissants de leurs dévotes en émotion et divers états de grâce.
Nous parcourons ainsi l’histoire à reculons — si l’on peut dire — mais surtout avec divers frissons. Les plus capiteux sont ceux que Dieu exige — du moins quand ses serviteurs exhibent leur petit Jésus et son onction extrême. Ainsi, le bon grain va à l’ivresse. Cela, bon gré malgré. Et va pour la jouissaille à même le confessionnal d’où retentissent des cris d’oiseau.
Le tout avant que les anciennes chapelles se transforment en théâtres intimes et plus ou moins pornos. Il est vrai qu’il était temps de s’amuser avant que la messe soit dite en de tels bains de fesses.
Et c’est ainsi que Tessier nous ramène à l’histoire inédite que bien des manuels sur la Révolution ont oubliée de dire. Hommage en soit rendu à l’auteur comme au vénérable Donatien dont l’ombre s’éloigne quand la livre se ferme. Et l’Histoire aussi.
jean-paul gavard-perret
Eric Tessier, Les années clandestines, Éditions Douro, 2023, 176 p.- 19,00 €.