Jacqueline Fischer, Histoires sans rimes ni oraisons — proses diverses

Parler de soi, par­ler le monde

Dans cet impo­sant livre-somme, l’auteure ras­semble la tota­lité des proses. Et ce, “au nom du père” sans doute, mais sur­tout en son nom propre. S’exprime toute la puis­sance et la variété de son écri­ture.
C’est un fleuve de vie mais aussi une mer(e) où, se remet à flot ce que de l’existence nous avons sous­trait. Mais plus encore appa­raît son énigme même si “la source gar­de­rait son secret”. Ce der­nier est moins de poli­chi­nelle que d’une poly-chineuse.

Ces proses sont sou­vent du passé, du loin­tain, de l’échu mais pas que. Avec autant de lyrisme que d’humour, au sur­anné l’auteure pré­fère l’exigence d’une écri­ture “irré­gu­lière” en divers mou­ve­ments de l’invention qui favo­rise le change sur le main­tien.
Ce pavé dans la mare du temps devient celui d’écrits divers et de quatre sai­sons. Ils sont par­fois “des­si­nés” autour de pro­fils per­dus, et appa­raissent tels des casse-ambiance qui jouent des tours pour rire. Ce sont aussi des “écri­tu­ries” de pen­sées qui viennent des dehors et des dedans.

Des mac­cha­bées s’y traient au besoin et nous parlent in petto. Ils sont des corps morts de rire afin de leur rendre hom­mage de la manière la plus dégin­gan­dée qui soit. Tout se déguste au fil des jours et selon l’état psy­chique de lec­trices et lec­teurs . Elles et ils trouvent là de quoi se satis­faire en leurs divers états et en réfé­rence à ceux d’une telle ama­zone déterminée.

Pour spé­ci­fier la condi­tion d’être, elle s’inquiète humai­ne­ment de la déréa­li­sa­tion du monde dans la coa­gu­la­tion de “re-présentations”. Par­fois, elle accepte de par­ler sa vie mais pas for­cé­ment dans les formes com­mu­né­ment admises du Fran­çais Média­tique Pri­maire.
Com­ment dès lors  ne pas être tou­ché par ce qu’ici le verbe crée en sen­sa­tions et réflexions loin des sens déjà sta­bi­li­sés, des images déjà liées ? Celles-ci ne créent que de vagues fresques chromos.

Jac­que­line Fischer les refuse car elles font écran entre l’auteure et ses lec­trices et lec­teurs, entre le monde et nous. Dès lors, dans cette inver­sion des don­nées admises, existe un soi-même qui se fait nôtre.

jean-paul gavard-perret

Jac­que­line Fischer, His­toires sans rimes ni orai­sons — proses diverses, Edi­tions Jac­que­lines Fischer, Arches, 2023, 934 p.

Leave a Comment

Filed under Essais / Documents / Biographies, Nouvelles, Poésie

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>