Une exposition existentielle un peu didactique
Le spectacle débute dans la pénombre, par des déclarations solennelles qui affichent brutalement le contexte ; nous sommes en 1944, la guerre sévit cruellement en Europe, aux Etats-Unis. Une maladie se propage, cruelle elle aussi. Elle paraît frapper les enfants juifs d’un quartier de New-York.
Un père raconte la mort de son fils de douze ans. Devant la fatalité incompréhensible, les interrogations fusent : adresse à la fatalité, à la transcendance, au sort et à soi-même. En même temps qu’on assiste aux réactions diverses des différentes personnes impliquées dans la situation intenable, on entend les réflexions de Bucky Cantor, le responsable d’un terrain de sport devenu professeur respecté d’éducation physique. Il s’agit d’explorer les réactions et le sentiment de culpabilité de cette personne qui nourrit le sentiment de passer à côté de sa vie.
Le spectacle est structuré par différentes ambiances, rythmé par les musiciens présents sur le plateau, présentant successivement le quartier de Newak, le camp de vacances d’Indian Hill, où Bucky Cantor a rejoint sa fiancée, puis le moment de réflexion, sans décor, au cours duquel il porte un regard sur l’ensemble de son existence.
Tiphaine Raffier a voulu construire un opéra expressionniste, comme en approchant un miroir grossissant d’un monde en proie à sa propre vulnérabilité. Les tiraillements intérieurs du personnage principal sont figurés de façon dramatique et parfois comique. La représentation a son charme, avec ses parties chantées, ses maquettes et ses machineries qui explicitent les procédés de monstration scénique, mais elle a ses longueurs, comme une partition musicale qui reviendrait un peu souvent au refrain.
L’adaptation du roman de Philip Roth en explicite trop les lignes de force, comme si on avait utilisé un double surligneur, énonciatif et visuel, pour donner à voir l’inadaptation de cette conscience métaphysique à notre précaire situation.
christophe giolito
Némésis
librement adapté du roman de Philip Roth
adaptation Tiphaine Raffier et Lucas Samain
mise en scène Tiphaine Raffier
© Simon Gosselin
avec Clara Bretheau, Eric Challier, Maxime Dambrin, Judith Derouin, Juliet Doucet, François Godart, Alexandre Gonin, Maika Louakairim, Tom Menanteau, Hélène Patarot, Edith Proust, Stuart Seide, Adrien Serre.
et les musicien·ne·s de l’ensemble Miroirs Etendus Clément Darlu, Emmanuel Jacquet, Lucas Ounissi, Clémence Sarda, Claire Voisin
avec la participation du Choeur d’enfants du Conservatoire de Saint-Denis : Suzanne, Anouchka, Félicie, Zoé, Gift, Blessing, Maïa, Jetro, Liyanie, Mahaut, Hajar, Martha, Hannah, Nouha, Zoé, Maud, Paloma, Léonie, Alice, Maïa, Maë, Thaïs, Anna, Calie (en alternance), direction Erwan Picquet.
Dramaturgie, assistanat à la mise en scène Lucas Samain ; musique Guillaume Bachelé ; arrangements musicaux Pierre Marescaux Clément Darlu ; scénographie Hélène Jourdan assistée d’Alice Girardet ; lumière Kelig Le Bars ; vidéo Pierre Martin Oriol ; son Hugo Hamman ; chorégraphies collectives dirigées par Pep Garrigues ; costumes Caroline Tavernier ; perruques, maquillage Judith Scotto ; coordination chœur d’enfants Victoria Molland ; cadreur Raphaël Orio.
A l’Odéon Théâtre de l’Europe — Ateliers Berthier 1, rue André Suarès 75017 Paris.
Du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 15h durée 2h50 création aux Ateliers Berthier
relâche les lundis et le dimanche 26 mars. Représentations surtitrées en anglais les vendredis 24 et 31 mars et 7, 14, et 21 avril.
Production La femme coupée en deux coproduction Odéon-Théâtre de l’Europe, Théâtre national populaire – Villeurbanne, Théâtre de Lorient – centre dramatique national de Bretagne, Comédie de Béthune, ThéâtredelaCité – centre dramatique national Toulouse Occitanie, Maison de la Culture d’Amiens, Théâtre du Nord – centre dramatique national Lille Tourcoing Hautsde-France, La Comédie de Clermont-Ferrand – scène nationale, La Rose des Vents – scène nationale Lille Métropole Villeneuve d’Ascq, Le Volcan – scène nationale du Havre, Le Phénix – scène nationale de Valenciennes, Miroirs Étendus, Scène nationale 61 – Alençon avec le soutien du Cercle de l’Odéon avec le soutien du ministère de la culture avec le soutien de la Fondation d’entreprise Hermès avec la participation artistique du Jeune théâtre national avec le soutien du fonds d’insertion de l’École du Théâtre national de Bretagne accueil en résidence à Malakoff scène nationale la compagnie La femme coupée en deux bénéficie du soutien du ministère de la culture / direction régionale des affaires culturelles Hauts-de-France, au titre de l’aide aux compagnies conventionnées et est soutenue par la région Hauts-de-France
Nemesis Copyright © 2010, Philip Roth – All rights reserved Némésis traduction Marie-Claire Pasquier © Éditions Gallimard, 2012.