Ces inédits présentent un aspect méconnu de l’oeuvre de L-F Céline. Les manuscrits découverts en 2021 confirment aux yeux de l’auteur l’importance de sa “légende gaélique” — récit de la guerre menée par le Roi Krogold contre le prince félon Gwendor, du meurtre du procureur Morvan par le trouvère Thibaut et de la passion de Joad pour la belle Wanda — et dont les épisodes principaux se déroulent entre Bretagne et Scandinavie, dans un décor de “Moyen Âge d’opéra”.
L’écrivain n’ayant pu publier ces textes, il en inséra certaines parties dans Mort à crédit, Guerre et Londres. Il continua néanmoins à les poursuivre mais sans réussir à les finaliser.
L’auteur fut d’ailleurs plus qu’étonné par le peu d’intérêt qu’on prêta à sa manière “épique et bardique”, résultat d’une mythologie “lyrique et ironique” qui à ses yeux valait autant que le reste de son oeuvre.
Cela peut paraître discutable. Néanmoins, ces histoires sont dignes d’intérêts car, sous leur aspect légendaire, se retrouvent la méditation de l’écrivain sur l’existence et la mort, le corps et l’âme, ainsi que sur les pouvoirs ambigus du poète à l’égard de la destinée humaine.
Cette édition réunit les deux seules versions, inédites et inégalement inachevées : l’une datant de la première moitié des années 1930, La Légende du Roi René, l’autre, La Volonté du Roi Krogold, écrit en 1939 et 1940.
S’y retrouvent bien des labyrinthe où de partout suinte une “polymorphose” là où les mâles, plutôt que de s’allonger sur leurs proies, se tiennent à carreau. Quant au corps féminin, il parle ici une langue étrangère, extraordinairement mutique.
jean-paul gavard-perret
Louis-Ferdinand Céline, La Volonté du Roi Krogold suivi de La Légende du Roi René, Gallimard, collection Blanche, 2023, 320 p.