Jean-Michel Maulpoix reste le parfait exemple d’une poésie aussi médiane que main-stream. Tout est aligné en conformité à toute règle du bien écrit, du bien penser et du bien vivre même lorsqu’il faut tirer la table et se retirer.
C’est à cette saison froide que le poète nous convie. Ceux de son âge retrouveront ici leur fatigue et usure, quant aux plus jeunes cela n’est pas encore leur problème et ils verront lorsque les frimas seront là.
Le troisième tome d’une telle trilogie existentielle (après “L’Hirondelle rouge” puis , et “Le Jour venu”) se clôt sur la période ès abandons et des renonciations. Cette plainte dans le lyrisme particulier de l’auteur se déroule en diverses sections comme “Les fleurs du mal”. Mais l’analogie s’arrête là.
La prose poétique où l’auteur rappelle ce que parler veut dire n’a rien de bien original. C’est une énième déclinaison sur la vieillesse sous fond de neige — métaphore de fin promise non sans un certain apaisement.
D’aucuns y trouveront une sagesse. Celle du coup de torchon sur les douleurs et regrets. Et avouer que de la sorte la vie passe ne manque pas de mérite –peut-être des invocations à la bonne résignation.
Ces adieux peuvent satisfaire par leurs rappels aux paradis de l’enfance. La vie avance avec tout ce que l’être au fil du temps a perdu. Et si l’étalage existentiel vaut bien une messe, il mérite sans doute cette élégie de l’effacement programmé.
Pour le dire, Maulpoix évite le pathos. Même si sa fin et ses risques de délabrement l’inquiètent au moment où les autres voix qui lui furent chères elles aussi finissent par disparaître.
Rien de nouveau sous le bel amour du soleil sinon qu’il tombe et que bien des ombres apparaissent pour le remplacer.
jean-paul gavard-perret
Jean-Michel Maulpoix, Le jardin sous la neige, Mercure de France, 2023, 128 p. - 16,00 €.