Ce roman à la première personne prouve qu’il est — par ce choix — d’inspiration autobiographique. Si la narratrice est introvertie : c’est sans doute, et comme son auteure, pour cela qu’elle écrit. D’autant qu’elle trouve là de quoi donner cours à son ironie.
Il s’agit d’une sorte de roman de formation ou de déformation puisque, après avoir vécu des évènements plus ou moins truculents, à la jeune femme insouciante fait place celle qui perdure néanmoins dans l’humour pour affronter la maladie.
Celle qui voulait tout faire, ignorait l’ennui et regardait bizarrement tout et tout le monde, découvre qu’elle est atteint d’une sclérose en plaques. Quand la maladie survient, tout semble s’arrêter : terminés non seulement l’enfance dans un village envahi de moustiques mais aussi, plus tard, les nuits de fête dans Barcelone, les soirées entre copines ou les expériences amoureuses réglées ensuite par une thérapeute près particulière.
Pour autant, la narratrice conserve son énergie vitale et elle fait preuve, face à son état, de lucidité et de drôlerie dans un mixage de forces et de tendresses. Si bien que la maladie ne la réduira pas en victime.
Et au bout d’un chemin fait d’un désir d’enfant de plus en plus prégnant, existe un amour lesbien qui peut servir de clé à une telle fiction.
jean-paul gavard-perret
Maria Climent Huguet, Gina, traduit du catalan par Carmen Fernandez Montava, Editions des femmes — Antoinette Fouque, Paris, 2023, 256 p. — 18,00 €.