L’objet de ce beau texte est une interrogation de l’Annonciation du peintre vénitien du XVIème siècle, Paris Bordone. Mais cela permet un élargissement sur ce qu’est et fait la peinture. Elle ne peut être soumise aux mêmes critères d’analyses qu’un texte.
En effet, son système et son dispositif répondent à des données que les textes ne peuvent pas monter de la même façon.
Pour Boutibonnes, le tableau étudié dans son “décorum” ne s’instaure pas sur le seul regard mais renvoie à une parole : celle de l’Evangile selon Saint Luc. Selon l’essayiste, l’Annonciation tient en conséquence à une thématique et un canon esthétique qui traversent toute la peinture depuis le XIIIème siècle.
Dans cette image fondatrice, tout joue entre l’ange céleste et la vierge interloquée et soumise. S’engage une rencontre furtive dans un lieu privé mais qui, dans la peinture, s’ouvre à tous les vents et tous les regards.
Néanmoins — même s’il porte la parole des Evangiles -, le tableau reste muet : ce qui entraîne Boutibonnes à caresser toutes les ambitions et toutes les ambigüités. C’est pourquoi l’auteur manie ici un certain art de la tautologie qui permet de cerner au plus près mais sans les épuiser toutes les incertitudes que le tableau et sa lecture engagent.
jean-paul gavard-perret
Philippe Boutibonnes, Une entrevue subreptice, Editions de l’Ollave, coll. Préoccupations, Rustrel, 2023, 62 p.
En bref ce tableau est une Parole d’ Evangile qui induit truisme des interrogations du regardeur .