Lacan tu veux — col chic

Que sait-on, sans mot dire, du silence ? Le lan­gage n’est que son érec­tion rela­tive en dépit de sa mâle assu­rance. Le silence est fémi­nin car absolu. Pré­sent en toutes choses, il est son dé-lié. Ainsi peut-il se dire absolu.
L’Ange de l’Eveil (mes­sa­ger du silence) accom­pagne celui qui veille la nuit ( émis­saire du Cou­chant). Car si le lan­gage est à la nature de l’être, le silence appar­tient à sa trans-nature. Le lan­gage reste à dis­tance : il ne peut évo­quer que de loin le silence qui est coïn­ci­dence. Mais sans le pre­mier com­ment faire allu­sion à l’expérience du second ?
Ne reste qu’à ten­ter d’exalter la langue du foe­tus pour qu’elle fruc­ti­fie le silence. Lui seul est la demeure du sens. L’homme des mots sera tou­jours celui de la limite. Relié au silence il par­ti­cipe à ce qui est infi­ni­ment plus que lui, à savoir son oxy­gène pré­na­tal. En lui il sait infi­ni­ment plus qu’il ne saura ensuite.

Il faut que l’être soit déserté de lui-même pour qu’il se sente habité de ce dont per­sonne d’autre que lui — et encore — ne reste le gar­dien. L’excès de parole n’est jamais qu’une révolte contre le déta­che­ment du silence.
Seule l’image parle le silence et sait ce que l’homme même silen­cieux ignore. Il est fermé sur lui par les sceaux de l’Aleph dès la source de vie. Habité par son arrière-présence, il main­tient ouvert la ques­tion de l’identité.

jean-paul gavard-perret

Photo Clara Diebler

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