Ces récits — émouvants mais évitant le pathos — sont autant de portraits de femmes qui avec une parole intime présentent sous forme de fictions (où souvent le biographique n’est pas loin) une lutte de l’identité féminine face aux stéréotypes qui empêchent les femmes de s’appartenir.
S’y ressent le plus souvent la douleur et la peur de femmes déprises d’elles-mêmes. Nous sommes confrontés aux réalités que de telles voix émettent. Une langue s’incarne en divers accents. Des visages apparaissent : celui des narratrices comme de leurs agresseurs de différents types qui renvoient les victimes à des gouffres qui les obligent à affronter des situations glaçantes.
Chaque fois, quelque chose de puissant remonte et nourrit la réflexion. Face à une forme de désastre habituel et accepté, un imaginaire réaliste met en présence de situations traumatiques dont les victimes ne peuvent s’effacer.
Se franchit ainsi un seuil. Le littérature passe d’un lieu où tout se laisse voir en surface pour approcher une vérité d’appartenance. Il y a là cristallisation, une scintillation contre l’obscur.
C’est pourquoi il faut savoir lire ces textes comme un appel intense à une traversée afin de dégager les femmes des carcans où la société ne cesse de les placer.
jean-paul gavard-perret
Voix d’écrivains francophones, Corps de fille, corps de femme, Editions des Femmes — Antoinette Fouque, Paris, 2023, 192 p. — 15,00€.