D’hier au lendemain
Léa De Matteo articule son travail autour du personnage central et mythique de Joan Crawford. Pour la jeune photographe, il y eut comme point de départ l’image fascinante d’une femme vissée à sa chaise roulante contemplant dans le téléviseur le visage de l’actrice qu’elle avait été.
Par-delà le rôle, par-delà l’actrice, ce fut la femme qui se révéla à travers l’image première douloureuse de l’icône déchue.
Dès lors, “l’enquête” a commencé pour savoir ce qui était arrivé à Baby Jane. Son coup de poker sonna le glas de sa carrière.
Et en privilégiant la photographie argentique, mais usant aussi de techniques variées telles que la vidéo ou la fabrication additive, Léa di Matteo déploie des questionnements sur l’héritage hollywoodien, les fantômes cinématographiques au sein d’une “rencontre” paradoxale puisque posthume.
La jeune créatrice se voue à un culte de cette actrice exceptionnelle au-delà de ses atours, ses artifices et qui nagea à contre-courant dans une époque qui voulait n’accepter qu’une femme-objet condamnée à être la marionnette des hommes. Cette enquête filée laisse apparaître la déesse pour en retenir les moments de grâce et entretenir sa mémoire au sein d’une intimité nouvelle où l’actrice prend une figure kaléidoscopique.
Joan Crawford elle-même semble guider la créatrice là où sont éliminés la distance, la mort et tous obstacles infranchissables.
jean-paul gavard-perret
Léa De Matteo, La Fiancée Muette, Galerie du Lendemain, Paris, du 11 février au 25 mars 2023.
L”enquête de Léa , avec amour , opiniâtreté et talent nous offre une déesse dans son éternelle beauté . JPGP , comme le Petit Poucet , pose ses mots sur le chemin d’une fiancée qui devient parlante pour le liseur .