L’adage « je ne sais pas » donne donc une entrée décisive dans l’oeuvre de Lacan et marque sans arrêt son interrogation sur le monde, à la manière subtile, aérienne, ironique, songeuse et grave d’un psychiatre poète lucide sur le monde qu’il vit et qui l’entoure. D’où cette approche ici d’un concept clé : le fantasme.
Dans Métapsychologie, Sigmund Freud l’a comparé à un “sang-mêlé”, né d’un mariage entre l’inconscient et le conscient. Et depuis, ce concept a fait l’objet de débats permanents dans la communauté psychanalytique internationale.
Avec Logique du fantasme, Lacan l’aborde comme de biais puisqu’il ne l’a retenu pour aucune de ses “leçons”. Mais comme le rappelle J-A Miller, il s’agit du point de convergence des propos de Lacan, c’est pourquoi il a intitulé le tout dernier chapitre « L’axiome du fantasme ».
Lacan commence ici en croisant le groupe mathématique de Klein avec le cogito cartésien, modifié de manière à délivrer l’alternative : « Ou je ne suis pas, ou je ne pense pas ». Et Lacan trouve occasion à résumer en quatre temps le cours d’une analyse.
Mais cette approche mathématico-psychanalytique ne s’arrête pas là : l’acte sexuel est “éclairé” à partir du Nombre d’or. Et il s’ensuit une des formules qui firent la gloire du psychanalyste et psychiatre : “il n’y a pas d’acte sexuel” — ce qui pour lui se différencie du rapport sexuel, car pour Lacan le corps demeure le “lieu de la parole”, le lieu primordial de l’écriture.
Se retrouve ici ce qui est pris pour les méandres, piétinements, revirements et fulgurances d’une pensée obstinée qui ne se détourne jamais des abîmes que l’inconscient engage et ce en privilégiant la réalité psychique au détriment de la réalité matérielle sans pour autant la gommer.
jean-paul gavard-perret
Jacques Lacan, Le Séminaire. Livre XIV. La logique du fantasme, édité par Jacques-Alain Miller, Seuil/Le Champ freudien, 2023, 426 p. — 27,00 €.
Enfermé dans l’opiniâtreté de son axiome qu’il affirme être vérité Lacan perd l’objectivité devant toute analyse . Dépassé par les progrès des neuros sciences il reste un trait d’union entre l’histoire et l’actualité . Fantasme que fantasme . JPGP clarifie les idées en précisant que Lacan privilégie la réalité psychique au détriment de la réalité matérielle . Perso j’ose dire ” Â chacun son quoi ” . Labyrinthe complexe dont Lacan s’est éloigné par une thèse binaire .