La Ménagerie de verre (Tennessee Williams / Ivo van Hove)

La ten­sion de notre détresse intérieure 

 Un homme sur­git des pre­miers rangs de spec­ta­teurs, ins­tal­lant un rapide tour de magie qui intro­duit de façon plai­sante le pro­pos. Dans un décor tapissé de façon homo­gène mais moi­rée, qui sera éclairé de façon variée au cours de la repré­sen­ta­tion, les per­son­nages appa­raissent comme pous­sés sur le devant de la scène. Les petites his­toires de l’économie domes­tique sont l’occasion de pré­sen­ter une famille à la dérive.
Les répliques, sur­tout celles de la mère, sont pro­fé­rées à toute vitesse : véri­table trou­vaille qui fait de cette longue scène pri­vée, quasi inti­miste, une véri­table logor­rhée angois­sante. La mère encadre, et même étouffe ses enfants de son exu­bé­rante bien­veillance. C’est le drame des appa­rences qui se délitent, à l’occasion de l’invitation d’un homme, sol­li­cité comme un poten­tiel gendre.

Ce serait une res­source ines­pé­rée pour cette femme aban­don­née. La soi­rée que passe l’invité à la mai­son est révé­la­trice à bien des égards : du ridi­cule de la cheffe de famille, du déclas­se­ment de son fils, de l’irrépressible intros­pec­tion de sa fille. De nom­breux micro-événements sont sur­li­gnés par les effets d’une mise en scène hyper­bo­lique.
D’un pro­pos mono­li­thique s’inscrivant dans un cadre sta­tique, Ivo van Hove fait un drame tendu d’une suc­ces­sion de scènes émou­vantes. On assiste à une pres­ta­tion remar­quable, sen­sible et maî­tri­sée, des quatre comédiens.

De cette alchi­mie savante d’excitation et de déli­ca­tesse, résulte une repré­sen­ta­tion réus­sie, qui par­vient à éclai­rer le tableau de Ten­nes­see Williams sous un jour nou­veau, dyna­mique et percutant.

chris­tophe giolito


La Ména­ge­rie de verre

de Ten­nes­see Williams
mise en scène Ivo van Hove

© Jan Versweyveld

avec Isa­belle Hup­pert, Jus­tine Bache­let, Cyril Gueï, Antoine Reinartz.

Tra­duc­tion fran­çaise Isa­belle Fam­chon ; dra­ma­tur­gie Koen Tache­let ; scé­no­gra­phie, lumière Jan Vers­wey­veld ; cos­tumes An D’Huys ; son, musique George Dhauw ; assis­tant à la mise en scène Mat­thieu Dandreau.

Au théâtre de l’Odéon-Théâtre de l’Europe, Place de l’Odéon 75006 Paris,

Du 25 novembre au 22 décembre Odéon 6e, du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 15h.

Loca­tion www.theatre-odeon. 01 44 85 40 40

Pro­duc­tion Odéon-Théâtre de l’Europe, copro­duc­tion Onas­sis Stegi – Athènes, La Comé­die de Clermont-Ferrand scène natio­nale, deSin­gel – Anvers, Bar­bi­can – Londres.

La Ména­ge­rie de verre est pré­sen­tée en vertu d’un accord excep­tion­nel avec The Uni­ver­sity of the South, Sewa­nee, Ten­nes­see. Pre­mière repré­sen­ta­tion le 4 mars 2020 au Théâtre de l’Odéon. Reprise.

La pièce est gérée en Europe fran­co­phone par Marie-Cécile Renauld, MCR Agence Lit­té­raire en accord avec Casa­rotto Ram­say Ltd.

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