Françoise Favretto et Robert Varlez dans les années 70–80 et dans leur revue “25” ont largement contribué à faire connaître la poésie de Jacques Izoard, mais aussi et surtout le travail de l’inventeur du roman visuel, Martin Vaughn-James.
Ils s’y sont rencontrés et publièrent à l’Atelier de l’agneau un premier livre, nouvelle publication offerte ici sous forme de fac-similé.
Tout joue dans les images de Martin Vaughn-James sur les verticales, les horizontales et les diagonales. Ces trois données géométriques de base créent des plans d’attente et de la chute évoqués par les dessins accompagnés de phrases où jaillit parfois incidemment la menace d’une décapitation.
Car en lieu et place du gibet, l’œuvre de Guillotin est là. Et Izoard d’ajouter : “je sais que le nouvel Instrument fera merveille, que nul ne s’inquiétera du léger grincement d’huile peureuse”. Et d’autres dessins l’imagent en avant et arrière d’un chien gisant sur la perspective du plancher ou avec la tête d’un homme qu’une table vient couper au niveau du buste.
Le tout dans un dialogue surréaliste (belge) en un découpage entre réel et imaginaire là où les phrases elles aussi s’englobent selon un théâtre poétique d’illusions baroques. Dans une telle fiction, il sera néanmoins impossible de réajuster une histoire.
La perspective reste “somnambulique”, tant en mots qu’en images. Rien n’a lieu que le lieu “hantique” de la guillotine et son garrot radical. L’outil macabre permet aux créateurs des jeux neufs contre la mort qui (nous) est donnée.
jean-paul gavard-perret
Jacques Izoard & Martin Vaughn-James, Axe de l’œil, Atelier de l’agneau, collection Archives, 2022, 32 p. — 14,00 €.
” Vêtu , dévêtu , libre ” et même décédé Jacques Izoard laisse l’héritage d’un manteau poétique dont la sonorité des mots plait beaucoup à JPGP . Le compère Martin aposte sa géométrie DANS un dialogue belge fraternel . Ensemble certes désaxé mais avec un réel talent donné au jouissif regardeur ,