Asinus asinum fricat
Le cinéaste polonais et itinérant Jerzy Skolimowski, avec EO (Prix du jury à Cannes), suit les tribulations d’un âne, de la Pologne à l’Italie.
Inspiré d’Au hasard Balthazar — où l’âne portait sur lui tous les péchés du monde et qui — innocent — subissait un parcours christique. Néanmoins, le film n’a plus rien du rigorisme à la Bresson.
L’homme n’est plus au centre du monde dans ce qui devient un spectacle cinématographique expérimental et un voyage quasi cosmique.
L’âne au regard mélancolique évalue tout ce qui est autour de lui de manière critique.
Avec Ewa Piaskowska (coscénariste et productrice), Skolimowski, transforme le statut de l’animal. Il devient — nouveau Socrate mutique - fascinant et stoïque, à travers plusieurs épisodes vécus par des humains en sa présence.
Il secoue les spectateurs dans une vision ironique et cruelle de l’être et d’un certain néant.
L’âne Taco reste donc l’acteur principal du film. Il commente par son regard ce qu’il voit et ressent, détruit tout dogmatisme et certitude, là où la couleur rouge garde une présence majeure. Le point de vue est donné non seulement par cet animal mais par d’autres, près d’un fleuve cramoisi de sang.
Le tout souligné par une musique aussi bruitiste que lyrique qui fait ressentir l’esprit du film par sa résonnance.
jean-paul gavard-perret
EO
De : Jerzy Skolimowski
Avec : Sandra Drzymalska, Isabelle Huppert, Lorenzo Zurzolo
Genre : Drame
Durée : 1H29mn
Sortie : 19 octobre 2022 en salle
Synopsis
Le monde est un lieu mystérieux, surtout vu à travers les yeux d’un animal. Sur son chemin, EO, un âne gris aux yeux mélancoliques, rencontre des gens bien et d’autres mauvais et fait l’expérience de la joie et de la peine, mais jamais, à aucun instant, il ne perd son innocence.