L’histoire en re-construction
Tout commence par une retransmission sur grand écran du dialogue que tiennent en coulisse les comédiens filmés. Ils discutent des conditions de réalisation d’une pièce qui doit traiter de la Révolution culturelle chinoise (1966 — 1975). Brillante mise en abyme dans laquelle la troupe de jeunes acteurs, d’origine chinoise, s’interroge sur la possibilité de raconter les évènements tragiques impulsés par Mao Zedong et vécus par leurs aînés.
Sur le plateau, la pièce en voie d’élaboration suit alors le parcours de Luo Ying, un ancien Garde rouge, devenu poète et homme d’affaire, qui relate, dans Le Gène du garde rouge – Souvenirs de la Révolution culturelle, une histoire personnelle tout autant que nationale.
Les jeunes interprètes font mine de brandir le petit livre rouge qui servit à justifier les crimes, crient des slogans révolutionnaires et s’amusent à singer les hautes figures du Parti communiste chinois. Cela s’opère sous la direction du metteur en scène français, un ancien maoïste. Il incarne le discours tantôt admiratif, tantôt moralisateur qu’a pu tenir l’Occident sur la Chine.
La langue française et le chinois dialoguent à part égale tandis que deux modèles de société se font face et se toisent. La répétition de la pièce dégénère avec brio : s’impose l’image d’une société chinoise contemporaine qui renonce à la liberté d’expression au profit de valeurs matérialistes et d’un capitalisme despotique soutenu par la figure de Sidney Rittenberg, pendant machiavélique de Luo Ying, avec lequel s’instaurent des échanges.
Avec nuances, parfois avec humour, Roland Auzet interroge ainsi notre rapport à la mémoire et met en lumière la lourdeur de l’héritage qui repose sur toute une génération chinoise, désormais attirée par un modèle de mondialisation à l’Occidental.
Malgré des trajectoires narratives parfois confuses, la création de Roland Auzet ne perd pas en efficacité et en dynamisme. Sa visée est claire : que le passé devienne histoire et soit transmis.
clara cossutta
Adieu la mélancolie
d’après le texte de Luo Ying, adaptation de Pascale Ferran
conception et mise en scène de Roland Auzet
© Christophe Raynaud de Lage
avec Yann Collette, Hayet Darwich, Jin Xuan Mao, Chun–Ting Lin, Thibault Vinçon, Angie Wang, Haoyang Wu, Yves Yan, Yilin Yang, Lucie Zhang, INA-ICH (Kim-Thuy Nguyen et Aurélien Clair) et un groupe de figurants
Adieu à la mélancolie, d’après Le gène du garde rouge – Souvenirs de la révolution culturelle de Luo Ying, conception, mise en scène Roland Auzet, adaptation Pascale Ferran, direction de production Agathe Bioulès ; collaboration artistique Robert Lacombe ; assistant à la mise en scène Julien Avril ; musique Roland Auzet et Victor Pavel ; scénographie Cédric Delorme-Bouchard ; lumières Bernard Revel ; son Julien Pittet ; vidéo Nicolas Comte, assisté d’Antonin Subileau et de Charlotte Nivert ; costumes Bénédicte Etienne ; régie générale Séverine Combes et Patrick Le Joncourt ; chargée de production Mélanie Lézin ; régie lumière et accompagnement technique Noémie Mancia.
Au Théâtre des Quartier d’Ivry - Manufacture des Œillets
1 place Pierre Gosnat 94200 Ivry-sur-Seine 01 43 90 11 11
https://www.theatre-quartiers-ivry.com/saison/spectacle/adieu-la-melancolie.htm
du 30 septembre au 8 octobre 2022, durée 2h15. La fabrique. Salle Adel Hakim.
Du mercredi au vendredi à 20h, samedi à 18h, Dimanche 16h.
Tournée
Du 19 au 21 oct. 2022 : Théâtre de La Croix-Rousse, Lyon (69).
Les 8 et 9 nov. 2022 : MC2 Grenoble, Scène nationale (38).
Du 16 au 19 nov. 2022 : Théâtre Olympia, CDN de Tours (37).
Du 24 au 26 nov. 2022 : Théâtre de la Criée, CDN de Marseille (13).
Les 30 nov. et 1er déc. 2022 : Le Grand R, Scène nationale de La Roche-sur-Yon (85).
Les 7 et 8 déc. : Châteauvallon-Liberté, scène nationale de Toulon (83).