Pascal Commère, par ses prises de risque langagier, développe une prosodie come une poétique particulière. En émane un “ ordre ” particulier entre réalité et fiction, littéralité et poésie à travers ses histoires de mémoires ou de ce qu’il en reste. Ici dans la campagne bourguignonne.
Neige, lacs, soleil, humeurs des saisons, femmes, hommes et bêtes qui peuplent ces terres et leurs hameaux sont offerts en souvenirs, anecdotes et citations. Le langage règne, il est défenseur de l’imperceptible, de l’instant savouré et de la contemplation de celui qui “en somme, ne fait rien d’autre, assis à sa table devant la fenêtre, que regarder le verger”.
L’auteur joue sur un formalisme affiché clairement, il crée un texte dont le propos converge vers des récréations délicieuses et ironiques. Elles illustrent combien fond et forme ont quelque chose d’intéressant à dire et que l’écriture n’est pas le réel.
Du second ne demeure dans le premier qu’une fiction ordonnée, civilisée par des signes culturels et esthétiques emblématiques
L’auteur décale les apparences selon diverses techniques : répétitions d’éléments, décadrages ou jeux avec les mots et ce qu’ils sont sensés représentés. Il ne faut pas chercher dans ce travail une valeur documentaire. Les codes figuratifs sont ironisés pour montrer l’ « idéologie » d’où ils sortent afin d’illustrer ce que Robbe-Grillet affirmait « l’idéologie est l’ordre établi qui se fait passer pour naturel ».
jean-paul gavard-perret
Pascal Commère, Verger, etc…, Monotypes de Joël Leick, Fata Morgana, Fontfroide le Haut, octobre 2022, 64 p. — 14,00 €.