L’aile dans le vif
Né à Lons le Saulnier et après quelques années à Paris, Jacques Clerc s’est installé à Crest. La création des éditions “La Sétérée” et de la revue “Nioques” marque le début d’une grande aventure éditoriale avec Yves Bonnefoy, Jaccottet, Chambaz et bien d’autres.
A partir des années 80,celui qui est avant tout artiste graveur a créé des sculptures monumentales. Et ce catalogue et cette exposition retracent la diversité d’une oeuvre d’exception.
Ecrivain aussi, il a su exprimer plus qu’un autre ce que représentait l’art de la gravure.
A côté de Marc Pessin mais selon des voies différentes, il a inventé un savoir-faire de l’empreinte où “le désir, le jeu, le plaisir de mettre côte à côte des surfaces dont les formes viennent de l’intérieur” créent un monde que d’autres techniques (dont le chalumeau) viendront subsumer la présence.
Un tel créateur nous plonge dans les abîmes de la présence. Et de ce paradoxe et de pratiques aussi fortes est née une langue plastique capable de traduire, sinon une précarité de la présence, une fragilité qu’il extrait même des éléments les plus massifs (même s’il s’agit tout compte fait de silhouettes diaphanes) placés en feinte de lévitation.
Jacques Clerc se frotte à des “lambeaux” d’espace mais aussi vers une sorte d’utopie de la vision. D’où la nécessité de cet échange entre la matière et le texte ainsi que l’intensité d’une attention portée à l’espace par ce qui devient une “méthode” paradoxale de reconstruction d’une “vérité” d’incorporation.
C’est pourquoi une telle exposition est à voir absolument.
jean-paul gavard-perret
Jacques Clerc, Sculpture, gravure, livres d’artistes, Editions Centre d’art Crest, 2022, 80 p. — 20,00 €.,
et exposition du 13 juillet au 16 octobre 2022, même lieu.