Chantal Chawaf fait retour ici à “trois violences” qui sont les traumatismes que de jeunes femmes ont subi et dont nulle ne peut sortir sinon par procuration.
L’écriture n’en guérit pas mais elle permet de mettre l’accent dessus par touches aussi incisives que percutantes.
Les hommes entraînent ainsi des blessures et des relégations qui attirent dans le vide même si une certaine rédemption reste au travail. Mais le viol a fait ses ravages.
Et les différents épisodes sont retracés avec juste ce qu’il faut de force et sans pathos.
La tension de l’écriture fait tout. C’est bien autre chose que les mises en scène à la Angot.
Car, depuis toujours, Chantal Chawaf ne triche pas avec ses lecteurs et lectrices.
Grâce à un tel livre, se perce la nuit de l’être. Celui-là nous hante par le secret qu’il perfore moins pour s’en détacher, que le soulever et le rappeler.
Mais la vie des héroïnes fait résistance même lorsque l’horizon avait pâli parmi tant d’ombres appesanties.
Celles qui furent et demeurent à (non)vie des victimes restent porteuses d’une lueur d’espoir. Il convient d’en conserver la flamme.
Par elle surgit l’adhérence étroite à ce qu’il en est de la survie des bafouées et violées là où existe un nécessaire verdict qui s’inscrit contre la loi des prédateurs communs.