Ce livre propose la correspondance de deux poètes majeurs : Jean-Louis Giovannoni et Bernard Noël. Ils explorent “en repons” le monde du langage , de la politique et en explorent les fosses.
Ces échanges ouvrent encore plus la vision des deux oeuvres respectives, les irriguent de leur connaissance.
Nicolas Pesquès présente non sans raisons les deux créateurs comme “deux boussoles, deux champs magnétiques incontournables”.
Une première période, ouverte en 1991, s’achève en 1995 après une vingtaine de lettres, avant de faire place à deux décennies de silence et la reprise des échanges en 2017 à travers 60 missives.
Une première période, ouverte en 1991, s’achève en 1995 après une vingtaine de lettres, avant de faire place à deux décennies de silence et la reprise des échanges en 2017 à travers 60 missives.
Cette correspondance reste quasiment strictement littéraire — les aspects privés n’y apparaissent que brièvement (la mort de Paul Otchakovsky Laurens par exemple ou à travers le mouvement des gilets jaunes). Le monde contemporain n’est évoqué que par sa marchandisation, les accélérations médiatiques et l’importance grandissante des images.
Mais l’essentiel est ailleurs. L’auteur de Extraits du corps et de celui de Garder le mort s’intéressent ici avant tout au corps du langage, à l’oubli et sa corollaire, la mémoire.
Tout est synthétisé dans ce que fait le geste d’écrire et la nature même de l’écriture. “Il n’y a pas de temps dans l’écriture” écrit Bernard Noël. Mais c’était là pour lui comme pour Giovannoni une vue de l’esprit.
Le second est plus tumultueux que son discret compère. Mais au-delà de désaccords ponctuels, deux pensées se croisent, rebondissent par-delà le doute et l’enchantement que procure l’écriture.
Le second est plus tumultueux que son discret compère. Mais au-delà de désaccords ponctuels, deux pensées se croisent, rebondissent par-delà le doute et l’enchantement que procure l’écriture.
D’un côté les mots envahissent, de l’autre ils manquent à “la bouche sans lèvres”. Mais dans les deux cas, “c’est le regard de l’autre qui me met au monde et qui m’y maintient” assure Giovannoni.
Et se déroule “en live” un exercice et une quête de ce qui échappe à la mémoire comme au temps qui passe. C’est là un bien beau partage.
Et se déroule “en live” un exercice et une quête de ce qui échappe à la mémoire comme au temps qui passe. C’est là un bien beau partage.
jean-paul gavard-perret
Jean-Louis Giovannoni & Bernard Noël, Au présent de tous les temps : correspondances, Unes Editions, Nice, 2022, 208 p. — 24,00 € .