Tout infini nous restera inconnu
Hai Zi, originaire d’une famille paysanne de la province de l’Anhui, passe son enfance aux travaux des champs mais, surdoué, il entre à l’école de Droit de l’université de Beijing à seulement 15 ans. Passionné de littérature classique et de philosophie, il enseigne la philosophie et la théorie artistique. Il connaît autant la culture chinoise que la culture occidentale.
Traversé par une crise amoureuse et existentielle, il se suicide à l’âge de 25 ans.
Tous ces poèmes courts se caractérisent par une langue directe, immédiate, ; ils sont traversés de rapprochements stupéfiants, d’images oniriques et hallucinées. La ruralité y est centrale et résonne dans l’imaginaire chinois. La Bible donne une couleur mystique à nombre de ses poèmes.
Et ces poèmes courts se font de plus en intimes et sombres au fil du temps. Ils sont habités par la perte de l’amour et de l’identité même si perdurent ça-et-là des merveilles de l’existence.
Chez lui, l’absolue poétique échappe à l’emprisonnement de la langue, aux épaisseurs de ses murs, à la fausse profondeur de ses ombres. C’est pourquoi cet absolu de la poésie est aussi virginal et silencieux que la mort toujours présente à la racine aveugle de l’oeuvre qui prouve que tout infini nous restera inconnu.
jean-paul gavard-perret
Hai Zi, Le Langage et le Puits — poèmes courts complets 1983–1989, traduit du mandarin par Yujia Yang & Pierre Vinclair, Editions Unes, Nice, avril 2022, 72 p. — 25,00 €.