L’oeuvre cathédrale de Marcel Proust
Le succès de La Recherche et de la bibliothèque de la Pléiade est indissociable. Lorsque Gallimard décide de publié La Recherche sous un tel format, la collection comme l’œuvre restaient à bien des égards confidentielles et réservées à un happy-few de connaisseurs et jugés réactionnaire.
Or, peut-être dans une conjonction favorable des astres littéraires, surgit soudain un engouement particulier et les choses changent.
La Pléiade trouva là un best-seller mainte fois réédité et Proust devient la coqueluche entre autres de “La nouvelle critique” : Barthes et Foucauld font de Marcel un écrivain de gauche et il se hausse désormais au rang d’indéboulonnable statue des lettres françaises.
À l’occasion du centième anniversaire de la mort de Proust, la Pléiade propose à titre exceptionnel, et à tirage limité, le texte de La Recherche, intégral et nu (les notes et les Esquisses restant l’apanage de l’édition en quatre volumes), en deux tomes d’environ 1500 pages chacun.
Bref, cette édition se veut plus malléable et possède l’avantage considérable de ne parler que par et pour elle-même.
Celui qui avait avouait son “besoin d’être aimé” trouva de quoi se rassurer à travers l’engouement et l’admiration que provoque son oeuvre-monde. Proust fut considéré comme un mondain, mais il trouva dans les salons le motif de La Recherche.
Elle prit naissance après Contre Sainte Beuve dont elle devint le relais en passant de la théorie à la sensation. Elle devint alors ce qu’il nomma lui-même une “cathédrale”
jean-paul gavard-perret
Marcel Proust, À la recherche du temps perdu, Coffret deux volumes à tirage limité, Édition publiée sous la direction de Jean-Yves Tadié, Gallimard, Coll. de la Pléiade, Paris, avril 2022.