Portrait de l’artiste en chamane
Depuis une dizaine d’années, Alison Bignon travaille sur la notion d’émotion.
Dans ce but, elle a mis en place un protocole de travail lui permettant de nourrir sa banque de données par la rencontre à l’autre : “le carnet de chagrin”.
L’artiste y rassemble des moments d’intimité. Elle en devient la chamane en visualisant ce que l’émotion produit par divers médiums dont la gravure, le dessin, la peinture ou encore la sculpture.
Au-delà des notions de figuration et d’abstraction, l’artiste crée un monde très particulier à la fois pointilliste, ouvragé mais tout autant premier là où la couleur est porteuse d’un récit intérieur.
Surgit un espace mental et sensoriel, indicible et envoutant. Exit tout fracas.
Un monde précieux est là pour affirmer la puissance d’un monde vital de sensations, en “lis de feu”, “Low Rising” et autre “Wave of love”
Alison Bignon invente une poésie de l’espace en des cavales et cavalcades de rameaux en finesses et cristallisations de lumière.
Les tropiques n’ont plus rien de tristes et se transforment en paradis terrestres que la créatrice-voyageuse collecte et magnifie.
L’espace reste toujours en recréation. Les formes semblent toujours fraîches et naissantes entre circulation et immobilité.
L’image offre un réel qui se prononce avant la parole dans la volonté de rejoindre l’ouvert et d’annuler l’angoisse.
C’est d’une certaine manière l’ode visuelle la plus sensible et sensuelle.
jean-paul gavard-perret
Alison Bignon, Carte du Tendre, portfolio 2022, 27 p. Chez l’artiste.