Ce que l’orage brouille, Claude Minière le met au propre.
Et ce que la nature en furie renverse tout comme ce que les hommes ont corrompu, le poète tente de remettre de l’ordre non parfois dans un sens particulier du sacré afin de ramener en deux pans vers l’émotion première, la vérité et le désir dont l’être se croit parfois séparé.
Au fil des orages comme à celui des rivières serpente le besoin d’exister et de relever ce qui peut l’être. Mais en dépit ou à cause de l’eau, le roman fleuve est remplacé par ce qui donne une forme de divinité au paysage.
Chaque poème dérive en son délire pour ramener l’esprit du lieu là où il a disparu.
A savoir au milieu des eaux qui deviennent des “topos d’histoires” . Des saints jouent à saute-ruisseaux et chaque espace en appelle un autre là où ce qui habituellement sépare crée un hymen.
Entre fêlures et roulements, guerres et horreurs, il s’agit de reconstruire ce qui peut l’être.
Si bien qu’un tel texte devient une lecture idéale face au monde que nous vivons car le poème fonce comme l’éclair mais non à tombeau ouvert.
Il s’agit de sauver tout ce qui nous reste au sein de la sombre actualité.
jean-paul gavard-perret
Claude Minière, L’espace entre l’éclair et le tonnerre, Gallimard, coll. Blanche, Paris, 2022, 91 p. — 12,00 €.
“Il s’agit de sauver tout ce qui nous reste au sein de la sombre actualité.“
Très beau texte .