Ne vous fiez pas au titre : ces “Trois chaos” ne génèrent pas la sinistrose. Et produisent un ordre.
Ils se suivent et se ressemblent dans tout un habile jeu de répétitions. Le chaos est autant celui des corps et des paysages (filles et garçon en été) que celui des montagnes.
Joël Baqué dans de telles dérives s’attache avec mélancolie au fond des choses.
Pas n’importe lesquelles : uniquement celles qui sont dorées (mais pas forcément à l’or fin) car il ne faut pas considérer le poète comme un orpailleur.
Chaque poème s’arrime à des détails : ongles rouges des filles, étendards des armées romaines, etc.
Tout est faussement simple et subtilement drôle — ce qui n’enlève pas pourtant un certain sérieux.
Un jeu d’échos résonne dans ces textes moins en répétions qu’en variations.
Connu pour ses romans un peu dans le même esprit, l’auteur crée ici des textes qui deviennent de précieux colifichets, fichés “postes d’observation” d’un monde soudain réinterprété.
jean-paul gavard-perret
Joël Baqué, Trois chaos, P.O.L, 2022, 80 p. — 14,00 €.