L’artiste et architecte Alessandro Mendini est parti d’un constat : “Un enfant dyslexique dessine minutieusement des pages de monstres. Leur donner une forme en réduit l’immensité, l’intensité et l’angoisse. La feuille les emprisonne avec ses bords. Plus ils sont nets, mieux ils sont domptés. ”
Ayant vu de tels dessins, Mendini en a créé toute une série. Il l’a proposée à Erri De Luca pour qu’il compose face à tous ces dessins des textes qui leur renvoient un écho. Les deux ont cherché à désapprendre et à remettre en question l’idée de création.
Ils ont compris que dans les dessins d’enfants se retrouvent les mondes “intermédiaires” (selon le mot de Klee) ) que beaucoup n’aperçoivent pas.
Les oeuvres restent certes des productions mentales mais sans poussière et pleines de poissons volants qui font la sourde oreille pour “un musée complet du cauchemar et du rêve”. A la recherche de l’image et du récit qui n’ont jamais pu être avec le besoin d’y retourner sans cesse.
jean-paul gavard-perret
Erri De Luca & Alessandro Mendini, Diables gardiens, trad. de l’italien par Danièle Valin, illustrations d’Alessandro Mendini, Gallimard, Hors Série, 2022, 96 p.