Pasolini découvre Marin en 1949. Séparés de plus de trente ans, ils resteront unis par leurs mondes et leurs dialectes jusqu’à la mort du premier.
Les deux s’opposèrent à la société de consommation qui uniformise les êtres en leur proposant des plaisirs frelatés au détriment des réels désirs.
Cette amitié poétique permet de redécouvrir un moment souvent ignoré de la littérature de la péninsule italienne. Le poète Biagio Marin (1891–1985) est connu de quelques initiés même si son oeuvre en dialecte est important. Pier Paolo Pasolini (1922–1975) à l’inverse jouit d’une reconnaissance mondiale. Il en fut une des icones souvent contestées.
Ce volume, préfacé par Laurent Feneyrou et accompagné d’une note sur les textes par Michel Valensi, réunit “Solitude, Le craquement du corps fracassé, Litanies à la mémoire de Pier Paolo Pasolini” de Biagio Marin et les “Écrits sur Biagio Marin” (six inédits) de Pier Paolo Pasolini, ainsi que “La mesure de Marin et Pasolini ” Provençal ” ? ” de Massimo Cacciari.
Celui-ci se montre irrité, ironique, intrigué autant qu’attiré par l’art de composer de Marin.
Quant aux deux amis, ils restèrent unis en poésie au nom entre autres de la région des Trois Vénétie où ils vécurent, à une époque où la langue était encore attachée au paysage. Les essais de Massimo Cacciari qui concluent le volume instaurent une réflexion philosophique sur la question du dialecte et de sa relation au territoire auquel il appartient.
Et ses treize chants de Biagio écrits au lendemain de la mort tragique de son cadet, restent une magistrale litanie à la mémoire de l’ami “fracassé”.
jean-paul gavard-perret
Biagio Marin & Pier Paolo Pasolini, Une amitié poétique, édition par Laurent Feneyou & Michel Valensi, L’éclat, 2022, 280 p. — 20,00 €.