De la Suisse à la Chine via NewYork : entretien avec Not Vital

Par ins­tinct et « essence », Not Vital est avant tout un archi­tecte qui déplace les mon­tagnes. Il répond ainsi à ce que Nietzsche demande à l’architecture : « l’ivresse da la grande volonté qui se fait art ». Les créa­tions de l’artiste sont autant de sug­ges­tions monu­men­tales face à la pesan­teur. Elles s’expriment par des formes non for­cé­ment flat­teuses mais élo­quentes qui s’imposent par leur puis­sance. Chaque œuvre de l’artiste vit sa propre vie, parle d’elle-même et ne témoigne pas for­cé­ment de ce qui se passe autour. Pour­tant toutes s’inspirent de l’environnement de l’artiste : les mon­tagnes suisses de son enfance, le cadre urbain de New York ou une ville du désert nigé­rien, etc.. « Tongue » par exemple est une langue en acier qui célèbre la parole, le goût, la sen­sua­lité. Par à sa taille énorme, elle se dresse tel un phal­lus aussi dio­ny­siaque que pri­mi­tif. Il s’impose avec sa charge d’émotion sans se sou­cier des oppo­si­tions qu’il peut sus­ci­ter.
Fruit d’une vir­tuo­sité, chaque struc­ture de Not Vital est la prouesse contre l’agitation et la des­truc­tion. Sa plé­ni­tude sur­git soit dans un splen­dide iso­le­ment, soit dans le jeu de l’accumulation. Toutes pos­sèdent une charge pri­mi­tive et sourde. Elles res­tent les « idéa­li­sa­tions » de l’artiste. Il n’y fait pas abs­trac­tion de ce qui est secon­daire mais laisse vio­lem­ment en relief ce qui est pour lui l’essentiel.

Entre­tien avec Not Vital

Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
La bai­gnoire à côté de mon lit.

Que sont deve­nus vos rêves d’enfant ?

J’en ai réa­li­sés autant que j’ai pu en grandissant.

Qu’avez-vous aban­donné ?
La pra­tique des sports.

D’où venez vous ?

De la val­lée d’Engadine en Suisse où l’on parle le romanche.

Qu’est-ce qui vous dis­tingue des autres artistes ?

Je suis tou­jours dans le mou­ve­ment.

Où travaillez-vous et com­ment ?

A Pékin, je tra­vaille à la fois sur des pro­jets de pein­tures, sculp­tures et d’architecture.

A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
Aux poli­ti­ciens.

Quelle musique écou­tez vous an tra­vaillant ?

Aucune ( si vous écou­tez la musique que vous amiez, votre tra­vail vous semble meilleur qu’il l’est).

Quel livre aimez-vous relire ?

Le maître des Echecs  par A. Cheng (en chi­nois et en anglais).

Lorsque vous vous regar­dez dans un miroir qui voyez-vous ?
Moi-même et un étran­ger en même temps.

Quel ville ou lieu a valeur de mythe pour vous ?
Rio de Janeiro et mon île MotOna en Pata­go­nie (Chili).

De quels artistes vous sentez-vous le plus proche ?
Ceux que je ne vois pas si sou­vent.

Quel film vous fait pleu­rer ?

Un bon nombre.

Qu’aimeriez-vous rece­voir pour votre anni­ver­saire ?
Une jolie pierre.

Que vous ins­pire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est don­ner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?

“L’amour et l’amitié ont plus à faire avec prendre que don­ner” (Nietzsche)

Enfin que pen­sez vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la ques­tion ?“
La réponse est NON.

Pré­sen­ta­tion, entre­tien avec Not Vital et tra­duc­tion de l’anglais par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com en mars 2013.

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