Alex’Sandra, L’innomé

Le sur­gis­se­ment de la bête

Plom­bier des joints de com­pas­sion, ser­gent des serre-gens, il ne cesse de don­ner  quelques échan­tillons de ses tra­vaux en cours. De moches clés sem­blables à cer­taines duchesses anglaises per­forent les poches  de sa gabar­dine de gars badin. Sans qu’il le sache, il existe en lui du Badiou qui  rate la Grande Marche en ses mao tsé tongs là où des san­guines errent font de lui  l’impulseur de pen­sées à coup de tours de vices.

Mais notre héros n’est pas plus de des­cen­dants de FFI que des ton­deurs de gamines qui offrirent aux rieurs de quoi cra­cher leur peur. Il n’a rien d’un mille y tend, ne porte ni cana­dienne, béret ou la moindre tenue de Résis­tant. Il fait ce qu’il peut avec pour toute arme un petit cou­teau pliant, au bout pru­dem­ment arrondi, reçu par un grand-père le jour de ces quatre ans. Par­fois buveur sans par­ci­mo­nie avec le tri­vial ou le sublime, il laisse affleu­rer le gro­tesque sans trop de mau­vais goût et sait recon­naître les pauvres en esprit et les coin­cés du bulbe sans jamais pré­tendre assu­rer que le royaume des cieux leur appar­tient.
Il y a là selon lui à peine de la place pour deux. Si bien qu’avec Saint Fran­çois d’Assise et le Salé­sien tout est com­plet. Bref, la messe est dite. Ce qui ne l’empêche pas le dimanche à l’église de s’avancer en une marche aussi ridi­cule que gran­diose dans une vir­gi­nité scénique.

Le voici tou­jours ravivé, ravi­nant et non sans igno­rer que nous ne sommes équi­pés d’un logi­ciel qu’aucun ordi­na­teur ne vou­drait accep­ter. Le nôtre est sans la moindre pré­ci­sion, sup­pose des suites de départs ratés, des halè­te­ments de pen­sées des suites de cas­sis ou de dos d’âne bâté, d’irruptions de refrains idiots ou de rumi­na­tions sur­jouées. Sans comp­ter des arti­cu­la­tions sur­pre­nantes aux liai­sons dan­ge­reuses.
Mais lorsque tout ça saute, la seule conclu­sion qui lui vient à l’esprit demeure : “c’est le métier qui rentre”. Il en n’est moins brave pour autant.

Comme on dit d’une actrice à la mode : “c’est une belle per­sonne”. Per­sonne est le mot. Vu les cires constances où l’entre-deux l’emporte. D’allure sty­lis­tique enjoué, fond en lui un mou­ve­ment cha­loupé de chutes de phrases bri­sées quoique en phra­sés — sinon empha­tiques — du moins enro­bés. Il reste fondu enchaîné aux impré­vi­sibles arti­cu­la­tions et écarts de conduite qui le cas échéant peuvent ouvrir au sur­gis­se­ment de la bête. Car comme vous le savez, il faut que le corps exulte. Ses pous­sées déboulent à chaque fois comme à bâtons rom­pus.
Elles le trans­forment en lubrique voyou et obs­cène coin­coin. D’autant qu’avec les femmes il ne fait pas de tri, ne joue jamais le raf­finé et opte faci­le­ment pour une plus âgée que lui qui s’est égo­sillée pour lui plaire. Pré­ci­sons que — la chose faite, enten­dez là plus que le néces­saire — il la salue tou­jours d’un intime “ite”. Pour un temps, il oublie son futur fre­tin. Mais très vite et pour son bien il y revient, aimant dans ce cas le pro­chain plus qu’il ne s’aime lui-même. A savoir sans des pin­cettes sur le nez.

D’aucuns diront qu’il y a trop de tes­ti­cule dans un tel por­trait. Mais c’est qu’il en existe autant voire plus dans nos pen­sées les plus sublimes. Saints et saintes elles-mêmes n’en sont pas dénuées. D’où toute leur acti­vité de col­lage de rus­tines sur la chambre à air de leur des­ti­née. Pour sa part, il se contente de peu mais reste vissé au bran­card d’avenantes cui­cuisses même de viande molle mais qui dur­cissent sous l’effet de cer­taines voca­tions et pro­pen­sions dès que, cœur bat­tant, l’envie ou la pas­sion sont bonnes conseillères.
Il s’en fait l’apôtre ou le quasi saint, mais selon une post-modernité en ver­sion laïque. D’autant que de l’ascèse il ignore même le nom, pieds rivés à tout sauf aux cale-pieds de la contri­tion. Et ce, pour écra­bouiller les corps de la ten­ta­tion et les pro­jec­tions qu’il pro­met d’accorder à leur des­ti­née un temps galvanisée.

jean-paul gavard-perret

Oeuvre d’Alex’Sandra

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