Rose très mienne
Jacqueline Fischer met si l’on peut dire certains points sur les i : “La rose comme on le sait produit de l’eau et non du sperme.” Elle n’est pas la seule.
Il se peut, à son avis, que certains critiques ou protagonistes d’une oeuvre dont on ne connaîtra que les apostilles ne fassent pas mieux tant ils s’adonnent “aux niaiseries sentimentales comme d’autres fument des substances qui, selon les époques de référence, sont ou non licites.”
Selon Jacqueline Fischer, cela pourrait s’expliquer “par le fait qu’Artistophène portait une tache de naissance fort mal placée”. Néanmoins, rien n’est prouvée ici comme en cet ailleurs “où la minorité était perpétuelle du moins jusqu’aux lois de 1899.“
Tout cela pour une remémoration essentielle qu’initia Paul Celan : le rose est de personne. Surtout quand elle est d’un rose rosse plus que thon ou qu’un personnage secondaire d’un roman (qui ne vaut pas plus) se mêle de l’effeuiller telle une vulgaire marguerite — ce qui exclut d’emblée Yourcenar et Duras.
Pour la métamorphose d’un tel bouton, Danielle Berthet s’est pliée en quatre et dans le sens de l’obscur. Car il faut, pour transformer la rose de Jacqueline Fischer, autre chose qu’un pâle cliché.
Sans être une botaniste à “la botte à nique” chère a Dubuffet, elle a du mordant et donc du chien.
L’auteure sans se retrouver aux abois en possède autant et sa caravane passe. Le tout sans écarter celles et ceux que “l’éros gêne” ou et aussi les moindres puristes amateurs des poètes de la Pléiade.
N’en déplaise à Pline, plus Ancien que le jeune, la rose et les loukoums du même parfum durent bien peu de temps. Telles les femmes (et leurs gourmands), l’épineuse est loin d’être immortelle.
jean-paul gavard-perret
Jacqueline Fischer, Ode Ros(s)e, Danielle Berthet, collection Apostilles, Aix-les-Bains, 2021.