L’incapacité à reconnaître l’autre
Pour Cavell, les héros de Shakespeare incarnent chacun diverses options du scepticisme : sur l’amour filial (Le Roi Lear), la fidélité conjugale (Othello), la légitimité du meurtre (Macbeth) ou de la vengeance (Hamlet), la nature du pouvoir et des rapports sociaux (Coriolan), le destin des empires et du monde (Antoine et Cléopâtre). L’auteur montre que le déni de savoir est un masque qui cache l’incapacité à reconnaître l’autre. Et ce, en des mariages de rivaux qui débordent parfois de violence. Ce manque peut précipiter le monde et les hommes dans la folie.
Selon le philosophe américain, c’est en réhabilitant le langage ordinaire (auquel la pensée a souhaité tourner le dos) que la relation au monde peut être rétablie et la tragédie conjurée. C’est ce qui se découvre en ce dialogue de Cavell avec Shakespeare.
Il est complexe comme ceux qu’entretiennent les personnages de l’auteur de Hamlet.
jean-paul gavard-perret
Stanley Cavell, Le Déni de savoir dans sept pièces de Shakespeare, traduit de l’anglais (États-Unis) par Jean-Pierre Maquerlot, traduction des textes inédits par Aurélien Galateau, collection Unes Idées, Unes, Nice, 2021, 336 p. — 25,00 €.