Coco Texedre, Les dessous de Jeanne

Les des­sous chics

Coco Texedre, maî­trise toutes les tex­tures. En créa­trice d’imageries obs­ti­née, à coup de col­lages et de den­telles, elle offre une nou­velle série de cabrioles optiques, de cho­ré­gra­phies en gra­phies mais sans corps. La pen­sée se met tou­te­fois à chan­ter pom­pette sans pour autant que l’artiste rameute les fan­tasmes atten­dus. Ara­besques, del­tas et méandres des inti­mi­tés tex­tiles ne font donc pas tou­cher à la chi­mère. Une autre ( inavouable ?) com­mu­nauté est pro­po­sée.
Dans un raf­fi­ne­ment poly­morphe, l’artiste dégage la glue du désir tout en tis­sant et ravau­dant un ravis­se­ment imprévu. Des équi­libres ves­ti­men­taires naît un ima­gi­naire à valeur aussi votive qu’« allu­mée ». Et si Coco Texedre balaye la pous­sière de la sexua­lité c’est pour rendre la vie plus vive voire plus pro­fonde. Néan­moins, il ne s’agit pas d’espérer admi­rer entre les den­telles l’origine du monde. Mais cer­taines facettes de l’Histoire se brodent ici au féminin.

Chaque des­sous devient un étui à sur­prise. Il contient par effet para­doxal de « des­sus » des délices à double feuille­tage. Sur­gissent d’étranges fleurs de l’Apocalypse nées d’une source d’inspiration dis­crè­te­ment mili­tante. C’est une manière de lut­ter contre la bête et de for­cer l’imagination du spec­ta­teur à ima­gi­ner encore. Et sur­tout mieux. Les sty­listes de la haute cou­ture diront que de tels des­sous chics sont caducs. Ils ajou­te­ront que Coco Texedre a vu trop grand et qu’il fau­drait des modèles plus petits. Mais l’artiste s’envoie en l’air toute seule. Elle n’a pas besoin de conseilleurs qui ne sont jamais les payeurs. Ses images creusent l’obscur afin que les flammes du désir partent en fumée, et la fumée en flammes.
L’artiste offre en consé­quence aux enfants de Plo­tin, à ceux qui poussent les portes quand il est bien spé­ci­fié de les tirer son maga­sin de curio­si­tés. La lin­ge­rie fine pro­pose sou­dain sa botte mys­tique. Le prin­temps y renaît par la bande. Mais avis aux voyeurs : ils seront déçus. Déçus mais déniai­sés. Ce qui d’une cer­taine manière est un comble.

jean-paul gavard-perret

Coco Texedre,  Les des­sous de Jeanne , Gale­rie Capazza, 18330 Nan­çay‏*

*La Gale­rie Capazza, patri­moine his­to­rique du XVIIe siècle super­be­ment res­tauré, rat­ta­ché au châ­teau de Nan­çay, se situe en plein cœur de la Sologne, à 90 mn de Paris et à proxi­mité de la Val­lée de la Loire. Dans un cadre excep­tion­nel de 2000 m², vous admi­re­rez les œuvres de 80 artistes de noto­riété inter­na­tio­nale incar­nant l’art contem­po­rain dans les registres les plus repré­sen­ta­tifs des arts plastiques.

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