La banquise brûlante d’une utopie que l’œil n’arrête pas
Après l’exposition de 2020 “Le bouillon de onze heures”, hommage au néerlandais Willem Claeszoon Heda, le peintre flamand Jan Van Imschoot, dévoile le deuxième volet d’une trilogie consacrée aux grands maîtres de la peinture occidentale.
Avec « La Présentation des absents », l’artiste confronte son imaginaire à celui qu’il considère comme le grand maître de la peinture moderne française : Édouard Manet.
Irrégulier de l’art, Van Imschoot dans ses fantasmagories picturales fait preuve d’intransigeance et d’autorité.
Son geste se veut baroque et anarchiste. Mais l’érudition nourrit un imaginaire. Jaillit un monde stupéfiant, bizarre, insolite qui remplace l’occultation par l’occulte là où, sous la nudité, jaillit la petite “note” virtuelle et adamique qui fit déjà chez Manet lever des ponts dans un condensé de ce qui fut pris comme une débauche équivoque.
L’artiste qui se définit come “anarcho-baroque” reste un insurgé qui ne brûle pas de faire carrière dans la peinture mais dynamite tout ce qui existe autour de lui, autour de nous.
L’inconnu laisse sa trace sur la banquise brûlante d’une utopie que l’œil n’arrête pas et que le geste crée.
Tout se rejoint : la vie et la mort, le réel et l’imaginaire, le passé et le futur le tout dans une peinture aussi modeste qu’orgueilleuse et non sans humour bien au contraire mais toujours avec une tenue qui rend l’ironie plus acerbe.
jean-paul gavard-perret
Jan Van Imschoot, La présentation des Absents, Galerie Templon, Grenier Saint Lazare, Paris, 6 novembre au 24 décembre 2021.