Existe dans ce surprenant et inattendu roman de Hauc une narration bourrée de nuits blanches et d’érotismes juste avant que le narrateur décide de fermer le ban et de mettre un point final à certains “crimes”. Le tout non sans humour là où, dans ce journal du crépuscule, l’être est pris dans ce qui l’emporte sans explication - quoique sous un fouet de dompteur mais qui se refuse encore à se réduire à une bête bien dressée roulée en boule dans l’identité et la peur.
Bref, il a mieux à faire en un sursis provisoire. Le narrateur reste ainsi son propre voyeur qui offre entre douleur, joie et indifférence un flot d’images qui président à cette dérive aussi palpitante qu’étrange et surtout dérangeante. Preuve que l’auteur d’un tel “journal intime” s’inscrit totalement en faux face à ce que souligne Béatrice Didier et que l’auteur rappelle (p. 14) . A savoir qu’il “éprouve une grande difficulté à quitter ce bien-être prénatal ou enfantin (…) et, pour reprendre le terme chez à Gombrowicz, il ne se sent pas encore prêt à vivre”.
Battant sa campagne, le narrateur évoque ses amours doubles avant qu’elles se multiplient de manière exponentielle jusqu’à l’heure où sonne la retraite avec, comme cadeau de départ pour un tel pêcheur, une canne du même nom. Mais entretemps il s’en sera passé de belles… Et faire l’amour n’est pas la moindre des occupations.
Conquêtes et maîtresses deviennent l’occasion de narrations métalliques et rapides au moment où rôdent déjà bien des symptômes d’un monde déshumanisé.
Si bien que cet “arrière-goût de rat” (titre sublime) reste un road-movie hors classes. Il dessine un réseau et une architecture où le sacrilège amoureux fait force de loi.
jean-paul gavard-perret
Jean-Claude Hauc, Un arrière-goût de rat, Un arrière-goût de rat, coll. Roman, Tinbad, Paris, 2021, 176 p. — 18,00 €.