Aventures et scènes spectaculaires
Mathieu Mariolle reprend le personnage crée par Jules Verne pour Vingt Mille Lieues sous les Mers, en 1873. Ce personnage, un génie, a conçu et construit le Nautilus, un navire extraordinaire. Nemo, qui veut dire Personne en grec, est sans doute inspiré du choix d’Ulysse pour un tel patronyme dans l’Odyssée.
Le scénariste installe ce personnage dans une intrigue où se mêlent un attentat, la fuite d’un présumé coupable, des tensions fortes entre l’Angleterre et la Russie et un homme, un espion, qui doit prouver son innocence et qui veut pouvoir revoir son fils. Il installe une tension entre les deux hommes, joue avec des dialogues où les termes ont un double sens jusqu’à l’arrivée d’une héroïne qui va faire redoubler la pression.
C’est un beau récit mêlant aventures, scènes spectaculaires, situations compliquées pour les protagonistes, dangereuses au possible. Les personnages sont remarquablement construits, aux caractères étudiés et élaborés.
Kimball O’Hara, un agent des services secrets britanniques, en Inde. Un soir de 1899, à Bombay, un attentat fait de nombreux morts parmi les hauts-dignitaires faisant la fête sur le HMS Northampton. O’Hara est accusé. Seuls des documents, restés dans l’épave du bateau tombée au fond de la baie profonde, peuvent l’innocenter. Personne n’est capable de descendre aussi bas sauf Némo. Celui-ci est prisonnier en Russie. Kimball le fait évader.
Parce que Némo ne peut supporter les Anglais qu’il rêve de chasser, Kimball s’est fait passer pour un agent du 2e bureau français et dit s’appeler Jean Paillole, le capitaine Paillole. Il est avec Némo qui prend possession du Nautilus soigneusement dissimulé. Mais Kimball est impatient d’arriver sur les lieux pour récupérer le coffre qui contient les documents qu’il convoite. Or, des difficultés diverses les retardent. Némo a besoin de recruter un minimum d’hommes d’équipage. La détérioration d’une pièce importante de la propulsion oblige à un arrêt. C’est pendant celui-ci qu’ils sont attaqués par une troupe menée par Jaya. Elle réussit à s’introduire dans le Nautilus. Alors qu’ils font route un groupe de petits sous-marins, pâles copies du Nautilus, veulent les forcer à se rendre…
Le dessin est l’œuvre de Guenael Grabowski qui opte pour un trait réaliste et donne des planches remarquables par leur contenu et leur mise en scène. Il propose un Nautilus de légende, des vues sur des fonds marins de toute beauté. Les personnages sont superbement campés. C’est beau, c’est presque féérique avec ce trait assuré, ces scènes dynamiques, ces perspectives audacieuses.
La mise en couleurs signée par Denis Béchu est également remarquable, à la hauteur de l’intrigue et de dessin pour former un graphisme particulièrement réussi.
Ce nouvel album est une belle réussite tant par le somptueux graphisme que par l’histoire, ces aventures qui se complexifient à souhait.
serge perraud
Mathieu Mariolle (scénario), Guénaël Grabowsky (dessin) & Denis Béchu (couleurs), Nautilus – t.02 : Mobilis in Mobile, Glénat, coll. “24x32”, octobre 2021, 64 p. – 14,95 €.